Lassés de leurs conditions de vie et de travail, les gardes pénitentiaires décident de se faire entendre. Ils sont entrés en grève ce 10 mai, histoire de pousser les nouvelles autorités à faire face à leur misère. Ce débrayage paralyse en majorité les cours et tribunaux, et les grévistes ne comptent pas lâcher prise.

C’est l’un des corps les plus démunis du monde de la justice. Les gardes pénitentiaires guinéens sont presque des bénévoles. Ils n’ont ni grades ni dotations en uniformes, ils doivent se contenter des minuscules primes qu’on leur lance à la figure. N’en pouvant plus, ils décident d’entrer en grève, boycottant notamment les extractions des prisonniers, les audiences dans les différentes juridictions…

Les grévistes exigent du ministère de la Justice la satisfaction pas moins de sept revendications. Parmi elles, l’application du statut particulier du personnel pénitentiaire et le régime juridique des établissements pénitentiaires, des grades, des primes, des salaires, des indemnités, mais aussi des équipements. S’y greffe l’épineuse question de la prise en charge de 135 bénévoles. Les grévistes cherchent également à obtenir la création d’un fonds social pour la prise en charge du personnel pénitentiaire et des moyens de déplacement.

Les contestataires ont rencontré des émissaires du ministère de la Justice qui leur ont demandé de surseoir à leur débrayage, le temps pour eux de résoudre le problème. Faute de confiance, la demande a été purement rejetée : «De telles promesses avaient été prises par les mêmes cadres du temps du professeur Alpha Condé ». Que nenni ! Cette fois-ci, ils comptent «aller jusqu’au bout.»

Pour le moment, les gardes pénitentiaires assurent ce qu’ils appellent le «service minimum»: permettre aux prisonniers de recevoir des visites, faire entrer les nourritures dans les centres de détention, accompagner les malades à l’hôpital. Le reste, c’est la paralysie totale.

Conséquences, les cours et tribunaux sont fortement impactés par le mouvement. Les détenus n’ont pas été extraits des différents centres de détention du pays. Les victimes sont nombreuses. Parmi, les détenus de la Maison centrale de Coronthie dont l’ancien Premier ministre Ibrahima Kassory Fofana, les anciens ministres Mohamed Diané et Oyé Guilavogui. Ils avaient rendez-vous avec la Chambre de l’instruction de la CRIEF pour leur interrogatoire sur le fond. Cela n’a pas eu lieu, ces anciens dignitaires n’ont pas été extraits de leurs différentes cellules, à cause de la grève.

Yacine Diallo