Après des années de querelles de leadership, le secteur privé guinéen est parvenu à créer la Confédération générale des entreprises de Guinée (CGE-GUI). Une structure patronale unifiée qui a lancé officiellement ses activités le 19 mai, avec l’ambition d’apporter sa contribution au développement du pays. 

Le 19 mai, avant de prendre la route du pays profond sur instruction de Mamadi Doumbouya, le Premier ministre a présidé au lancement officiel des activités de la Confédération générale des entreprises de Guinée (CGE-GUI), dans un réceptif hôtelier de Kaloum. Inversant l’ordre des interventions, Mohamed Béavogui a pris la parole le premier, avant de se retirer dare-dare. « Nous vivons la concrétisation d’un fait que nous avons tous appelé de nos vœux et qui nous semblait impossible à atteindre. Mais la Guinée, c’est le pays de tous les possibles », a-t-il lancé, triomphaliste.

Le patronat guinéen vivait une sorte de balkanisation, sur fond de guéguerre de leadership, de légitimité… Habib Hann et Ansoumane Kaba (Kaba Guiter) se disputaient la tête du Conseil national du patronat guinéen (CNPG). Ce n’est qu’en mars dernier, en marge de l’organisation des Assises nationales sur fond de réconciliation nationale, que les deux adversaires ont accepté de fumer le calumet de la paix. « « De 2008 à 2022, nous avons privilégié nos organisations patronales respectives, au détriment de l’intérêt collectif du secteur privé, qui nous aurait permis de creuser les sillons de fertilité nécessaires à la prospérité de nos entreprises et partant, au développement économique et social de notre cher pays », n’a pas manqué de souligner Kaba Guiter, nouveau président du patronat unifié, lors de la cérémonie de lancement officiel des activités de la Confédération générale des entreprises de Guinée (CGE-GUI). Son ancien rival, Habib Hann, devient ainsi le vice-président chargé de la gouvernance et du développement.

Construire un « secteur privé fort »

Avant, la Chambre nationale du commerce et d’industrie a suivi le même chemin de réunification et de redynamisation, après 18 ans de léthargie. « Le nouveau visage du patronat guinéen est la résultante de l’effort des acteurs publics et privés, soutenus par la Banque mondiale dans le cadre d’un partenariat visant à faire triompher un idéal de progrès tant cher au CNRD », s’est félicité Mohamed Béavogui au cours de la cérémonie. Les principales figures du patronat guinéen avaient été reçues par Doumbouya, le 14 avril, au Palais Mohammed V. ‹‹ Je vous encourage d’avantage à se donner la main et à dépersonnaliser les choses. Pour moi, le plus grand projet qu’on a, c’est la Guinée, qui dépasse le projet personnel ››, avait déclaré à l’occasion le président de la transition.

Unifié, le patronat ambitionne à présent de créer un secteur privé fort, de l’emploi, de la richesse, promouvoir l’accès aux marchés publics et à la sous-traitance. « Donnez-nous, s’il vous plaît, le cadre institutionnel, légal et réglementaire adéquat, pour l’épanouissement du secteur privé et nous vous donnerons beaucoup plus de richesses pour vous aider à réaliser vos programmes relatifs aux infrastructures, à l’agriculture, à l’éducation, à la formation professionnelle et au social, pour le bonheur de nos populations », a plaidé le nouveau président du CGE-GUI, en s’adressant au gouvernement.

Tâches de la nouvelle équipe

Saisissant la balle au bond, le ministre du Commerce, de l’industrie et des PME, Bernard Gomou, a promis d’entretenir le partenariat avec le secteur privé en vue de l’atteinte des objectifs communs de développement de la Guinée. Il n’a, toutefois, pas manqué de rappeler que « l’absence d’une structure patronale unifiée a beaucoup pesé sur le développement de la Guinée, en gênant le dialogue public-privé et en renvoyant une image peu rassurante en direction de nos partenaires et investisseurs étrangers. Sans un dialogue entre l’Etat et le secteur privé, nous n’arriverons pas à mettre en place un environnement assaini favorable aux affaires, à l’investissement, à une production de qualité et à la création d’emploi ».

Le ministre Gomou a encouragé les responsables de la Confédération générale des entreprises de Guinée à mettre en place un bureau exécutif inclusif et à adopter des textes réglementaires. Ce qui devra être précédé par l’installation d’un Conseil exécutif chargé de meubler les organes du nouveau patronat unifié. « Il s’agira, pour cela, de réunir toutes nos fédérations membres des secteurs productifs identifiés, ainsi que toutes les entreprises qui adhéreront directement à la Confédération générale des entreprises de Guinée, afin qu’elles puissent désigner leurs mandataires », a détaillé Kaba Guiter.

Diawo Labboyah Barry