Elisabeth Degon, bibliothécaire française à la retraite, l’auteure de Williams Sassine-Itinéraires d’un indigné guinéen paru en 2016 aux éditions Karthala, s’intéresse à Williams Sassine, comme chroniqueur de Le Lynx. Lundi 23 mai, en visite au Groupe Lynx, Elisabeth Degon a révélé que près de 250 ‘’Chroniques Assassines’’ de l’écrivain sont disponibles sur EMAN : le couronnement de son travail de collecte et de retranscriptions mené en France et en Guinée, durant trois ans.
«J’ai profité du confinement lors du Covid-19 pour peaufiner le travail. Je me suis rendue aux Archives nationales de Guinée, pour récupérer les textes qui me manquaient, tout comme des photos. Maintenant, le travail est complet et mis en ligne sur le site EMAN. On n’y trouve les corpus et les ‘’Chroniques Assassines’’ de 1992 à 1997 ». Pour Elisabeth Degon, quand on lit ces ‘’Chroniques, «on n’a l’impression que la Guinée n’a pas changé, qu’on retrouve toujours les mêmes problèmes. Donc, il y a le fond de la Guinée que Williams Sassine décrit très bien. Ses chroniques sont un peu littéraires, historiques, politiques, sociales.»
Dans ses chroniques, Williams Sassine a sa langue qui n’est qu’à lui, qui fourmille de néologisme. Elisabeth Degon annonce : «On a un fichier Excel, avec tous les mots qui paraissent bizarres, les surnoms et les termes qu’utilise Williams Sassine que les jeunes ne connaissent pas. Je voudrais faire un genre de dictionnaire de ces termes.»
En 2023, une journée d’études sur les ‘’Chroniques Assassines’’ est prévue à l’université de Montpellier, où des chercheurs et des invités de Guinée et d’ailleurs sont attendus. «Ce qui a intéressé le maître de conférence de l’université de Montpellier, c’est qu’elle travaille sur les écrits romancés et des parus dans la presse. Williams Sassine, c’est l’exemple typique d’une grande œuvre dans de la presse et de la littérature », ajoute-elle.
Cinq ans de recherche
« J’ai travaillé en Guinée de 1996 à 2000 au développement des bibliothèques à l’intérieur du pays. J’ai commencé à lire les écrivains guinéens. C’est ainsi que j’ai découvert Williams Sassine par son livre Le Zéhéros n’est pas n’importe qui. Je l’ai trouvé tellement drôle que je me suis dit que s’il y a quelqu’un que je dois rencontrer en Guinée, c’est bien lui. Mais je ne l’ai rencontré qu’une seule fois, puisqu’il est décédé peu après ». La biographie de l’écrivain aura coûté à Elisabeth Degon cinq ans de recherche, 221 pages. «Je me suis rendue au Lynx, aux Archives nationales de Guinée. J’ai collecté tous les numéros du Lynx pour connaître ce que raconte Williams Sassine et son personnage, afin de mieux cerner son parcours. A la fin de la biographie, c’était un corpus extrêmement important pour la Guinée. Il raconte des événements qui se sont déroulés de 1992 à 1997. J’ai commencé à travailler la bibliographie en 2011. Cinq ans de travail, de recherche, de lecture, de voyages en Guinée, en Mauritanie, au Gabon et en France. J’ai tout transcrit manuellement sur un fichier Word de 350 pages, y compris les chroniques. Williams Sassine avait une belle plume et c’était important de le défendre », conclut Elisabeth Degon.
Yaya Doumbouya