Entre le CNRD et les acteurs politiques, la crise est ouverte. La junte militaire au pouvoir fonce, la tête sur le guidon, sur son agenda que beaucoup jugent obscure. Elle met de côté les acteurs politiques les plus représentatifs pour composer avec ceux les plus accommodants et faire croire qu’il y a concertation avec toutes les Forces vives de la nation, avant toute prise de position. Le Conseil national de la transition, CNT, a déjà entériné un chronogramme de 36 mois. Une proposition largement contestée par le G58, le RPG arc-en-ciel et d’autres structures sociopolitiques. A date, on est bien loin d’une sortie de crise. Malgré l’annonce de la reprise prochaine des manifestations de rue, le CNRD ne compte pas fléchir.

Le colonel Amara Camara, ministre secrétaire général et porte-parole de la Présidence, l’a martelé lors d’un entretien avec nos confrères de France24. Il accuse même des leaders politiques d’appeler à la violence : « La liberté devrait nuire au bien-être, il y a le choix à faire entre l’intérêt général de la Nation et celui de faire ce qu’on veut. En tout cas, ce qui est important de savoir, en Guinée, les manifestations n’ont jamais été sans violence. La violence n’est pas que celle d’Etat, il y a également les manifestants et les leaders qui invitent souvent à la violence. C’est ce qu’il faut prendre en compte. Il n’y a aucune volonté de réduire les libertés, mais plutôt la nécessité de partir vite et bien, vers une sortie honorable et apaisée de cette transition. C’est ce qui justifie cette décision ».

L’ancien Premier ministre, Cellou Dalein Diallo, est normalement attendu devant la CRIEF, le lundi, 13 juin. Il est soupçonné, entre autres, d’enrichissement illicite, de corruption d’agent public… mais l’opposant vivant à l’étranger depuis maintenant deux mois, reste mystérieux sur sa volonté ou non de répondre à cette convocation. D’autant plus que ses partisans y voient une persécution. Pour le colonel Amara Camara, cette convocation ne ressemble en rien à un musellement : « La justice est en train de travailler de manière libre et indépendante. Des questions liées au musèlement, à la participation ou à la convocation de telle ou telle personne à la justice, ce sont des questions qui relèvent essentiellement de la justice. Il ne m’appartient pas de faire des commentaires sur le sujet. Mais il n’y a aucune volonté de nuire ou de faire taire qui que ce soit. Le CNRD, par sa bonne foi, a dit et montré clairement dans la charte de la transition que ni le Président, ni aucun membre du CNRD ne sera candidat à aucune élection.  Il n’y a pas d’ambiguïté ».

Sur le cas d’Alpha Condé, le Secrétaire général de la Présidence assure que l’ancien Président rentrera au bercail après ses soins sanitaires : « Il n’est écrit nulle part dans les textes de lois qu’un malade n’a pas droit aux soins médicaux. C’est à ce titre que des soins médicaux ont été accordés au président Alpha Condé. Et à l’issue de ses soins en Turquie, il pourra revenir. Il l’avait fait déjà auparavant ». Et toc !

Yacine Diallo