Le 6 juin, le procureur général près la Cour d’appel de Conakry, Alphonse Charles Wright, a lu à la presse le rapport d’autopsie sur la mort de Thierno Mamadou Diallo. Il a confirmé que le jeune a été tué (au soir du 1er juin) par balle, en marge de manifestations contre la hausse du prix du carburant, au quartier Hamdallaye Prince, dans la commune de Ratoma. « Le Parquet général, sur la base du rapport médico-légal en date du 3 juin du service de médecine légale de l’hôpital Ignace Deen, porte à la connaissance de l’opinion publique nationale et internationale que la cause de la mort de Thierno Mamadou Diallo est due à un traumatisme d’origine balistique tiré dans une position de génuflexion probable de la victime », indique le rapport lu ce lundi au bureau de Charles Wright, à la Cour d’appel de Conakry.

 A l’origine de la mort du jeune collégien de 19 ans, le procureur général évoque un tir unique selon une trajectoire quasi horizontale d’avant en arrière. La balle a créé un orifice d’entrée et de sortie dans la région cervicale de la face postérieure du cou, entrainant une fracture de la mandibule gauche et des vertèbres cervicales. 

Identification des auteurs

Après la phase de l’autopsie et de reconstitution des faits, l’enquête se poursuit pour identifier le ou les auteurs du crime. Charles Wright a indiqué que les témoins des faits ont été identifiés, assure garantir leur protection. Le procureur de la République près le tribunal de première instance de Dixinn est chargé de saisir le directeur général de la  Police nationale et le directeur régional de la Police de Conakry. Objectif ? Communiquer « sans délai » l’ordre opérationnel des unités d’intervention, notamment les unités de la Brigade Anticriminelle (BAC) qui patrouillaient dans la zone au moment des faits. Sous « peine de poursuite judiciaire pour refus illégal d’un service légalement dû et entrave à l’action de la justice ». Ainsi, Charles Wright requiert le dépôt de la liste de tous les agents des unités d’intervention concernées dans un délai de trois jours « à compter de la présente instruction et le placement des lieux du crime sous mains de justice pour faciliter le travail des enquêteurs. »

Ferme, le procureur promet que toute la lumière sera faite sur la mort du jeune. Il menace par ailleurs d’engager des poursuites contre toute « récupération politique d’une enquête judiciaire ». Allusion à peine voilée au Front national pour la défense de la Constitution qui tenait à ressusciter les traditionnelles marches funèbres organisées à chaque fois qu’une victime était enregistrée lors de nombreuses protestations sociopolitiques qui ont jalonné les onze ans de gouvernance de l’ancien président Alpha Condé. Initialement annoncé pour ce lundi au cimetière de Bambéto, l’enterrement de Thierno Mamadou Diallo a été reporté sine die. Et il n’est pas exclu que la dépouille soit ramenée à Timbo, d’où était originaire la victime.

Retour sur les faits

Thierno Mamadou Diallo aurait été touché par balle devant un cyber de Hamdallaye Prince, où il s’était rendu pour transférer des vidéos de séries dans un ordinateur de marque HP, selon l’enquête. « En ce moment précis, on entendait des tirs provenant des agents qui seraient membres d’une unité de Brigade Anticriminelle (BAC) en présence des agents de police qui patrouillaient dans la zone suite à la manifestation spontanée due à l’augmentation du prix du carburant par le gouvernement », précisent les enquêteurs qui ont recueilli des témoignages sur les lieux du crime, en présence d’avocats et substituts généraux, du procureur de la République près le tribunal de première instance de Dixinn.

On notait également la présence de Me Hamidou Barry, avocat à la Cour et membre de la Coalition pour la CPI en Guinée et des Officiers de police judiciaire de la Brigade de recherche de Kipé. Le Parquet général communiquera le 24 juin prochain sur l’évolution de l’enquête. Une grande première.

 Mamadou Adama Diallo