Suite à l’augmentation du prix du carburant à la pompe, des échauffourées ont éclaté sur l’axe Leprince, Koloma, Bambeto, Gnariwada et Hamdallaye, le mercredi 1er juin. Réprimée par les farces de l’ordre, cette manif s’est terminée par un mort. Thierno Mamadou Diallo, élève, âgée de 19 ans a été fauché par une balle au quartier Hamdallaye.

Ce jeudi 2 juin, depuis Kankan où il séjourne, le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, Bachir Diallo a réagi. Il a condamné cette mort qui, selon lui, ternit l’image du prési colonel Mamadi Doum-bouillant et son gouvernement : « Le gouvernement est vraiment préoccupé dans son ensemble et en particulier, le ministère de la Sécurité et de la Protection Civile face aux événements qui se sont passés hier à Conakry et qui ont conduit à des cas de morts d’hommes. Je condamne énergiquement ces gestes qui conduisent à des morts d’hommes. Le gouvernement ne s’inscrit pas du tout dans cette logique. Je présente mes sincères condoléances aux victimes et aux parents des victimes ».

Selon lui, dès que l’incident s’est produit, instruction a été donnée au Directeur général de la Police nationale de : « se renseigner s’il y a eu des cas de morts, combien il y en a eu et dans quelles circonstances, à quel endroit, à quelle heure et surtout qui a tué » ajoute le ministre.
Le ministre Bachir a assuré que toutes les dispositions seront prises pour sanctionner le ou les auteurs de ce crime. « Je termine en disant que s’il y a des têtes qui tomberont, elles vont tomber. Mais ce genre d’événement ne doit plus se produire. Ce n’est pas en relation avec la logique du changement voulu par le président de la transition, le Colonel Mamadi Doumbouya. Ce n’est pas normal, je suis profondément choqué et pas du tout content. Je vous garantis que toutes les dispositions vont être prises pour que les coupables seront punis à tous les niveaux. »


Alphonse Charles Wright s’invite à la morgue


Très tôt ce jeudi, le pro-crieur général près la Cour d’Appel de Cona-cris Alphonse Charles Wright, s’est précipité à la morgue du CHU Ignace Deen, à Kaloum où est couché le corps du jeune élève fauché par balle. « C’est sur les médias tôt ce matin que j’ai appris avec amertume le décès d’un jeune du nom de Thierno, âgé de 19 ans, qui est mort dans des circonstances non encore élucidées ».

Il proteste contre l’information selon laquelle le corps du jeune est abandonné par les autorités : « ce n’est pas de gaieté de cœur, quelles que soient les circonstances du décès que l’on me dise qu’un Guinéen a perdu la vie. Lorsque vous entendez qu’il y a des cas de morts, ça veut dire que si vous ne pouvez pas participer de manière humaine à l’apaisement de la famille éplorée. Vous devrez éviter de faire la surenchère inutile. ‘’On a abandonné le corps, le corps n’a pas été accepté’’, tout ça pour quel but et quel objectif ? Vous avez entendu le médecin légiste. J’ai entendu le frère de la victime parlé, ce n’est pas vrai. Lorsqu’il y a une situation, il y a des canaux auxquels vous devrez vous référez.

Dès qu’il y a perte en vue humaine, il faut que chacun sache que c’est l’autorité judiciaire qui est responsable de pouvoir communiquer et de donner des informations. On m’a dit que la RFI a tenté de me joindre en vain mais comment voudriez vous qu’on communique sur une chose si on ne vient pas à la source ? La preuve est que nous sommes là pour pouvoir recueillir les éléments d’informations nous permettant de donner des idées sur la chose ».

Aux dires du pro-crieur Général près la Cour d’Appel, le procureur de la République près le tribunal de première instance de Dixinn, a reçu des instructions du parquet général de saisir la brigade de recherche pour déterminer les causes du décès : « La réquisition vient d’être déposée, le travail va être fait par des médecins légistes et pour l’instant je demande à tout le monde de ne pas faire de la surenchère, de laisser les experts faire leur travail. Lorsqu’ils nous déposeront le rapport médical, je promets à la presse, que ce rapport là dans la limite du secteur de l’enquête sera mis à la portée de l’ensemble de l’opinion publique nationale et internationale ». Et de préciser que « l’on ne peut pas faire de l’opinion publique une opinion de réquisition face aux forces de défense et de sécurité, c’est la police qui tue, ce sont des militaires qui tuent. En tout cas mon parquet s’est inscrit dans une logique qui n’est égale qu’à la logique de la vérité, celle de lutter contre l’impunité. Les crimes de sang, vous avez appris le pôle que nous sommes en train de mettre en place, pourquoi nous faisons tout cela, c’est pour laisser une jurisprudence dans la conscience collective des Guinéens, qu’aucun Guinéen ne pourrait être laissé pour compte. On fait de l’autopsie et tout se limite-là.

Si le rapport d’autopsie justifie avec précision la cause du décès, je vous donne ma parole que les auteurs seront poursuivis. Si c’est vrai que ce sont les forces de sécurité qui ont fait cela, c’est le travail qui revient aux médecins légistes. Mais je ne voudrais pas qu’on raisonne par analogie. Dans le passé c’est ce qui se faisait. Les mêmes pratiques ! Ecoutez, il faut savoir raison garder, nous ne sommes pas là pour chercher de la publicité ».

Pour le moment, la famille de Thierno Mamadou Diallo doit prendre son mal en patience. Le coprs reste à la morgue pour l’autopsie. Le parquet s’engage à assurer les frais de funérailles et les autres dépenses. Le Pro-crieur général près la Cour d’Appel de Cona-cris, Alphonse Charles Wright donne rendez-vous à la presse le mardi 7 juin au parquet général pour les résultats de l’autopsie.

Kadiatou Diallo