« Ne jette pas ta houe avant d’avoir fini de semer » ! Les Guinéens feraient bien de méditer ce proverbe avant de ranger leurs pancartes et leurs banderoles. Le très difficile, le très exaltant combat pour la liberté que nous menons depuis l’Indépendance continue. Ce n’est pas le moment de composer avec la tyrannie, ce n’est pas le moment de baisser les bras. Notre devoir à nous tous, c’est d’exprimer notre rage par tous les moyens, c’est de braver l’arbitraire quoi qu’il nous en coûte afin d’en finir une fois pour toute avec ces régimes politiques merdiques et « merdisants » qui se font un malin plaisir de ruiner notre économie et de vider le sang de notre peuple.
Le FNDC (Front national pour la défense de la Constitution) nous invite tous à occuper les places publiques et les rues le 23 Juin prochain pour hurler notre ras-le-bol. Les raisons de manifester ne manquent jamais en Guinée surtout en ce moment. Ce Mamadi Doumbouya que nous avions vivement applaudi le 5 Septembre dernier n’en finit pas de nous échauder. Ce monsieur ou plutôt ce bidasse que nous avons failli prendre pour le sauveur que nous attendions depuis si longtemps, n’a rien trouvé de mieux que de ressusciter les démons du passé. Il a remué le couteau dans nos plaies au lieu de nous offrir des pansements. Il a rajouté à la cacophonie ambiante au lieu d’apaiser les cœurs et de réconcilier les descendants des victimes et ceux des bourreaux. Pire, il décide de tout et tout seul. Le CNT –dont il a nommé le président par décret !!!-n’est qu’une misérable caisse de résonance. Il a volontairement marginalisé la classe politique, la justice, il s’en fout. Dissuadons-le tout de suite, mettons le holà maintenant ! Ne laissons pas ce légionnaire venu de nulle part, occuper tous les rouages du pouvoir ! Ce serait la tyrannie la plus désastreuse de notre histoire. Ce serait la mort annoncée de la Guinée.
Nous sommes responsables de nos propres malheurs, Guinéens ! C’est notre lâcheté collective, notre opportunisme et notre démagogie qui ont nourri toutes les dictatures qui se sont succédé dans ce pays depuis le 2 Octobre 1958. Il est temps d’ériger des barricades, il est temps de bâtir des garde-fous, il est temps de montrer à nos dirigeants qu’il y a des limites à ne pas dépasser. Il y va de notre honneur, il y va de notre survie collective. Apprenons enfin à produire autre chose que des dirigeants incompétents, répressifs et corrompus !
Le FNDC a un mérite : l’engagement profond, l’engagement sans calcul. Il a une vertu : la constance. Le FNDC n’a pas changé d’idées, il n’a pas changé de sigle. Il n’a pas changé parce que la situation du pays n’a pas changé quand elle n’est pas en train d’empirer. Son appel du 23 Juin (merci De Gaulle !) doit être entendu d’un bout à l’autre du pays. Ce jour-là, personne ne doit rester à la maison. Tout le monde doit sortir, exprimer pacifiquement mais exprimer fortement notre ras-le-bol !
Non à la dictature militaire en gestation ! Mamadi Doumbouya ne doit pas s’éterniser au pouvoir ! Nous voulons des élections rapides et transparentes ! Vivement, l’avènement d’un véritable système démocratique avec des dirigeants légitimes, régulièrement sortis des urnes ! Dans les conditions actuelles, marcher n’est pas qu’un simple manifeste politique. C’est un acte de survie, c’est une nécessité vitale. Réveillons-nous, Guinéens, c’est maintenant qu’il faut défendre nos libertés menacées !
Le 23 Juin sera notre jour de gloire. Marchons, Guinéens, marchons ! Mettons la Guinée en marche !
Tierno Monénembo