La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest, CEDEAO, se réunit le 3 juillet pour statuer sur l’évolution des transitions au Mali, au Burkina Faso et en Guinée. A l’issue de cette réunion, l’institution pourrait prendre des sanctions, notamment contre la Guinée dont le manque de visibilité sur la transition crève l’œil. Le Comité national du rassemblement pour le développement, CNRD, au pouvoir depuis septembre 2021, met les bouchées doubles pour éviter de prendre des sanctions. Le PM, Mohamed Béant, a entretenu les acteurs politiques et sociaux pour tenter de redémarrer le dialogue et dissiper la tension qui couve. Mais la rencontre du 27 juin s’est presque terminée en queue de poisson. Bien d’acteurs politiques estiment que cette sorte de monologue avec le Chef du gouvernement ne serve qu’à permettre au CNRD de gagner du temps vis-à-vis de la CEDEAO.

En plus de l’ANAD qui a décidé de ne plus se prêter à ce qu’elle qualifie de « folklore », l’UFR, membre du FNDC-politique, a aussi de gros doutes sur ce dialogue. Saïkou Yaya Barry, secrétaire exécutif de l’UFR soupçonne les tenants du pouvoir de manœuvrer pour que le dialogue échoue : « Au regard de ce que nous avons vu lors de la dernière rencontre, il y a un président du CNT et un ministre de l’Administration du territoire qui encadraient le Premier ministre comme un élève. On se rend même compte que Mory Condé était tout content du fait que le PM nous ait ramené vers une autre concertation. Nous ne pouvons pas nous prêter à ce jeu ».

Le Béant PM a demandé aux différentes coalitions et autres entités sociales de lui déposer une nouvelle fois des mémos pour définir le type de dialogue qu’elles veulent avoir avec les autorités. Comme l’ANAD, le FNDC-politique ne le fera pas : «On ne va plus leur déposer ces mémorandums. Nous laissons tomber, parce que nous l’avions déjà fait plusieurs fois. Nous voulons un médiateur qui sait conduire un dialogue, qui va aider ce gouvernement qui manque d’expérience, qui ne sait pas quoi faire, un médiateur qui permettrait d’instaurer un véritable cadre de dialogue, qui va nous aider à sortir de la transition. Il nous faut un médiateur, il y a des techniciens au niveau de la sous-région qui mesurent l’enjeu. Nous n’avons pas besoin d’un décret pour cela, mais un médiateur qui connait le format ».

La crise est loin de finir, puisque Saïkou Yaya Barry n’exclut pas le recours à des manifs de rue dans les prochaines semaines. Ça va barder !

Yacine Diallo