Le Front national pour la défense de la Constitution s’est finalement résolu à surseoir à sa manifestation du 23 juillet. Après moult négociations, le FNDC décide donc de donner la chance au dialogue « sans tabou, franc et inclusif » auquel le PM, Mohamed Béavogui, appelle les acteurs politiques et sociaux. Mais ce dialogue pourrait déjà prendre du plomb dans l’aile. Invitée à participer à la troisième journée du cadre de concertation, l’ANAD (Alliance nationale pour l’alternance démocratique) décline poliment la main du PM, la façon dont le ministère de l’Administration du trottoir veut gérer les choses ne convient pas à cette coalition : « Nous voulons le dialogue, mais lorsque le cadre va être défini, qu’il y aura un décret, lorsque le Premier ministre va présider le dialogue, en présence des représentants des partis politiques, de la société civile, des partenaires techniques et un facilitateur de la CEDEAO, nous allons répondre, même si c’est demain. Nous voulons que les choses avancent, que le colonel Doumbouya entre dans l’histoire par la grande porte, que la transition soit apaisée, mais il faut faire correctement les choses », explique Fodé Oussou Fofana.

L’ANAD et l’UFDG ne sont pas contre le dialogue, mais ne veulent pas d’une rencontre fourretout où même ceux qui n’ont rien à dire viendraient polluer l’atmosphère : «Nous pensions qu’ils ont compris la situation et que les choses allaient changer. Le PM est chargé de gérer les dialogues social et politique, il intervient, le lendemain, on reçoit un courrier du ministre de l’Administration du territoire qui est en contradiction avec le Premier ministre. Il nous invite à la troisième session du cadre de concertation. Nous ne sommes pas concernés par leur session, parce que nous n’avons pas pris part aux deux autres. Il faut avoir du respect pour nous quand-même… Comment peut-il penser réunir tous les partis politiques dans une salle ? Il y en a  qui ne sont partis politiques que par le nom, il y en a qui se sont transformés en pro CNRD. Nous n’irons pas là-bas pour deux raisons : nous n’avons participé à aucune de leurs sessions et nous voulons un cadre de dialogue clair et net. Nous ne participons pas à la mamaya»     

Le vice-président de l’UFDG approuve la décision du Front de suspendre le mot d’ordre de manifestation qui était préalablement prévue ce 23 juin. Mais Fodé Oussou Fofana s’en prend à certains qui se font appeler sages, alors qu’ils soutenaient le tripatouillage constitutionnel : « On peut mettre en doute la qualité de certains qu’on a vu hier. Certains d’entre eux ne sont jamais transparents, ils n’osent pas dire la vérité. Quand on veut faire la négociation, il faut avoir le courage d’être franc avec les deux parties, de dire au colonel Mamadi Doumbouya qu’il a intérêt que ce pays se calme. Mais, ils préfèrent la démagogie. Des gens comme Niankoye Lamah, deux fois ministre d’Alpha Condé, Michel Kamano, des fervents supporteurs du troisième mandat qui viennent voir le FNDC… Nous savons qu’ils  n’ont pas le courage de dire la vérité. Doumbouya est pris en otage par des gens qui ont pris les Présidents en otage en Guinée, ils n’aiment pas que le pays se calme. Ils auraient pu lui dire que nous n’avons pas de visibilité sur la transition».

Yacine Diallo