Il était 10 heures et 15 minutes ce jeudi 16 juin quand le juge du tribunal de première instance de Dixinn a rendu son verdict. L’épilogue de deux ans de bataille judiciaire dont sort vainqueur l’artiste Mousto Camara, pourtant accusé dans cette affaire. Son ancienne maison de production Jaiye Enjoy Music avait porté plainte contre lui pour ‘’dénonciation calomnieuse et diffamation’’. Finalement, cette dernière a été condamnée au paiement de cinquante millions de francs guinéens comme dommage et intérêt au jeune artiste.
Dans ses réquisitions du jeudi 2 juin, Cé Avis Gamy, procureur audiencier, s’était appuyé sur les dispositions de l’article 547 du code de procédure pénale, pour rappeler que « lorsque la partie civile intente une action abusive, le tribunal a la possibilité de la condamner reconventionnellement à des dommages et intérêts à payer au prévenu qu’il a eu à faire citer par devant le tribunal ». Réquisition suivie par le TPI de Dixinn, qui a condamné la société Jaiye pour « action abusive », contre celui qui s’appelle à l’état-civil Moustapha Camara.
Une procédure « abusive et vexatoire »
À leur sortie de la salle d’audience ce 16 juin, les avocats de Mousto ont dénoncé la poursuite engagée contre leur client, l’ont qualifiée de « abusive et vexatoire », avant de revenir sur l’origine de l’affaire : « Jaiye a eu une action abusive. Il y a deux contrats qui la liaient à Moustapha Camara. Elle n’a jamais honoré ses obligations », proteste Me Murielle Wendo. Son client s’en était plaint notamment sur les réseaux sociaux, tout en réclamant ses droits.
En réponse, son ancienne maison de production « a intenté une action judiciaire contre lui, renchérit l’avocate. Le tribunal s’est rendu compte qu’il n’y a pas eu de dénonciation calomnieuse. La société Jaiye Enjoy Music doit de l’argent à monsieur Mousto Camara et ses avocats n’ont présenté aucun rapport pour défendre leurs argumentations à l’effet de prouver au tribunal qu’ils étaient dans leur droit. »
Mousto Camara s’est dit tout « simplement content » du jugement et « libre, mais un peu fatigué, parce que même quand j’avais des tournées et qu’on m’appelait, je devais tout arrêter pour me présenter. Donc c’est une satisfaction pour moi de savoir que la structure qui a porté plainte contre moi va finalement me verser 50 millions de francs, à titre de dommages et intérêts. »
Le bras-de-faire entre les deux collaborateurs est toutefois loin de finir. Mousto Camara menace de se retourner, à son tour, contre la société Jaiye Enjoy Music qui continue de diffuser ses chansons sur les plateformes de téléchargement. A l’audience du 2 juin dernier, les avocats de l’artiste avaient réclamé un milliard de francs guinéens à la maison de production. Une demande sur laquelle le tribunal ne s’est pas prononcé.
Abdoulaye Bah