Le Procureur général près la Cour d’appel de Conakry, Alphonse Charles Wright, est sur tous les fronts. Dans un document rendu public ce jeudi 9 juin, il instruit le Procureur de la République près le Tribunal de première instance de Kaloum d’engager sans délai des poursuites judiciaires contre Aliou Barry, ancien directeur national adjoint de l’Administration pénitentiaire; Marcel Kolomou, ancien directeur national des Infrastructures judiciaires et pénitentiaires ; José Luis Rivierra Ferrer, représentant de la société espagnole Cerzo inversiones SA en charge des travaux.
Il est reproché à ces trois personnes des faits présumés de « détournement, de concussion, corruption et complicité », commis au préjudice de l’Etat guinéen dans le cadre de la construction avortée de la prison moderne de Yorokhoguiyah, à Dubréka.
Alphonse Charles Wright demande aussi au Procureur de la République près le Tribunal de première instance de Kaloum de saisir la Direction centrale de la police judiciaire et la Direction des investigations judiciaires pour la mise en place de la formation des Officiers de police judiciaire en pool d’enquêteurs.
Documents ou pièces comptables
Même qu’il doit être informé de l’évolution du dossier de la procédure. Le Procureur général instruit, en outre, par voie de réquisition, la Direction nationale des infrastructures du ministère de la Justice, le dépôt de tous les documents ou pièces comptables à la disposition des enquêteurs dans un délai raisonnable. Il dit attacher du prix à l’exécution des présentes instructions pour un procès juste et équitable.
Il faut rappeler qu’une convention de partenariat entre l’Etat guinéen et la société espagnole Clerzo inversiones SA avaient été signée en 2014. Elle portait sur la construction d’un centre pénitentiaire moderne d’une superficie de 39 839 m², avec une capacité d’accueil d’environ 1 500 détenus dont un pavillon pour les femmes, un pavillon pour les mineurs et six autres pour les hommes. Cette convention incluait aussi la construction de sept autres prisons à l’intérieur du pays. Le coût du projet était de 217 milliards 820 millions GNF avec une contribution de l’État guinéen de 1, 31%. Soit 2 milliards 875 millions.
Les travaux de construction ont été lancés en avril 2015 et devraient prendre fin au plus tard en juillet 2016. Depuis cette période, rien n’a plus été fait. Le site qui devait abriter la prison moderne de Yorokhoguiah est devenu une carrière d’extraction de graviers.
Abdoulaye S. Camara