Reporters sans frontières (RSF) dénonce les réquisitions aberrantes prononcées par le tribunal de grande instance de Mbandaka, dans la province de l’Équateur en République démocratique du Congo (RDC), contre un journaliste, déjà détenu arbitrairement depuis plus de 7 mois.
«Si elles sont suivies, ces réquisitions aboutiraient à la plus lourde condamnation prononcée contre un journaliste ces dernières années, s’insurge le responsable du desk Afrique de RSF, Arnaud Froger. Elles sont d’autant plus injustifiées que l’accusation a été incapable de présenter un seul fait concret pour justifier les charges retenues contre ce journaliste qui croupit en prison de manière complètement arbitraire depuis plus de sept mois. Nous appelons à sa libération sans condition.»
Le 28 juin, le tribunal de grande instance de Mbandaka a requis 3 ans de prison ferme et une amende de 500 000 francs congolais (soit 237 euros) contre le journaliste Chillasy Bofumbo, qui comparaissait aux côtés de cinq autres co-prévenus. Des réquisitions extrêmement lourdes qui font suite à différentes accusations : «imputations dommageables, outrage à l’autorité, injure publique, incitation à la haine et rébellion ». Ces dernières n’ont été étayées par aucune preuve tangible.
Chillasy Bofumbo est journaliste pour Radio Télévision Sarah (RTS), uneradio communautaire populaire appartenant à l’ancien gouverneur de la province de l’Équateur, et également correspondant pour Flash Info Plus. Il croupit derrière les barreaux de la prison de Mbandaka, chef-lieu de la province de l’Équateur au nord-ouest de la République démocratique du Congo (RDC) depuis son arrestation par la police le 18 novembre 2021.
Le journaliste couvrait une marche organisée par un mouvement de la société civile pour protester contre le gouverneur de la province, Dieudonné Boloko Bolumbo. Vêtu d’un gilet siglé du logo de la RTS, muni de son dictaphone et de sa carte de presse, Chillasy Bofumbo avait été embarqué au poste de police de Mbandaka, au même titre que plusieurs autres manifestants. Ce même jour, la RTS a cessé d’émettre sur décision du gouverneur de province.
Cette radio et son personnel sont régulièrement l’objet d’attaques, de sanctions et de menaces. Déjà en 2013, dans un mémorandum, vingt-deux journalistes de la RTS avaient dénoncé des agressions de la part de militantes dont ils étaient victimes. En 2019, Steeve Mwanyo Iwewe avait été condamné à une peine de douze mois de prison pour «outrage à l’autorité ».
La RDC occupe la 125ème place sur 180 pays au classement mondial de la liberté de la presse 2022 établi par RSF.
Reporters Sans Frontières