Une plainte pour tentative de viol a été déposée contre le ministre des Solidarités Damien Abad, lundi 27 juin, a indiqué le parquet de Paris, confirmant une information de Mediapart. Cette plainte est « en cours d’analyse ». Selon Mediapart, elle a été déposée par une « élue centriste », qui accuse Damien Abad d’avoir tenté de la violer lors d’une fête organisée chez lui, à Paris, au premier semestre 2010.
L’intéressé a annoncé dans la foulée déposer une plainte pour dénonciation calomnieuse. « Une nouvelle fois, je conteste avec la plus grande fermeté toute accusation de tentative de viol ou d’agression sexuelle », a affirmé Damien Abad dans une déclaration écrite transmise à la presse. « Je ne laisserai pas ces accusations mensongères et scandaleuses sans réponse. Dès ce jour, j’ai demandé à mes avocats de déposer une plainte en dénonciation calomnieuse », a-t-il ajouté.
« C’est une tentative d’intimidation des autres victimes », a réagi auprès de l’AFP Me Raphaële Bialkiewicz, avocate de la plaignante, assurant que cette dernière était « sereine ». « Ma cliente a parlé pour que ça ne se reproduise plus, elle répond à l’appel d’Élisabeth Borne » qui avait invité mi-juin les femmes victimes de violences sexuelles à déposer plainte, a déclaré Me Bialkiewicz. « Elle a l’intime conviction qu’il faut libérer la parole des femmes ».
Mi-juin, Mediapart avait publié le témoignage de cette femme sous le prénom d’emprunt de « Laëtitia ». Elle était alors présidente d’une fédération du mouvement de jeunesse du Nouveau Centre, dont Damien Abad, député européen, était le président national. Le soir des faits, selon son récit, il lui a « offert un verre » au fond duquel elle a vu « quelque chose » : méfiante, elle est allée recracher sa gorgée aux toilettes. Toujours selon ses dires, Damien Abad l’attendait derrière la porte et tout est allé « très vite » : l’eurodéputé l’aurait « poussée dans une pièce en face », puis aurait tenté de la contraindre à une fellation. « J’avais peur, j’étais sidérée. Je me suis débattue, je l’ai frappé dans le ventre », raconte-t-elle.
Deux plaintes classées sans suite
« Laëtitia » dit avoir finalement pu « se défaire » de son agresseur présumé et sortir de la pièce grâce à l’irruption d’un convive. Selon Mediapart, les faits rapportés par cette femme sont « étayés par les témoignages de huit personnes, à qui elle s’est confiée ou qui ont pu être témoins de certains éléments de son récit », et que le site affirmait avoir contactées.
Il s’agit de la troisième femme à accuser le ministre de violences sexuelles, mais à ce jour, aucune enquête n’a été ouverte à la suite de ces accusations. L’une d’elles avait déposé deux plaintes classées sans suite. Pour l’autre, un signalement avait été effectué par l’Observatoire des violences sexistes et sexuelles, mais le parquet de Paris avait fait savoir ne pas ouvrir d’enquête « en l’état », faute « d’élément permettant d’identifier la victime des faits dénoncés ».
In Le Point