Le lundi 4 juillet, les ministres des Infrastructures et des transports, Yaya Sow et Mamadou Pethé Diallo (Santé et hygiène publique), ont animé une conférence de presse à la Maison de la presse de Conakry. Chacun d’eux a fait son compte-rendu de l’immersion gouvernementale, un mois durant, à l’intérieur du pays. Le duo a dressé le bilan de ses activités menées pendant cette période, avant d’annoncer les perspectives.

Premier à prendre la parole, le ministre Yaya Sow a insisté sur le déficit de moyens qui mine son département et la nécessité d’investir pour satisfaire les besoins des Guinéens. L’immersion a été initiée pour permettre aux membres du gouvernement de s’imprégner des réalités socioéconomiques des populations, comprendre leur problème, esquisser des solutions, a-t-il rappelé. « A l’intérieur du pays, les routes sont dans un état de dégradation très poussée. Les infrastructures sont quasiment inexistantes ou très dégradées. À Yomou par exemple, il n’existe même pas un bâtiment des travaux publics, ni de bureaux des TP. Ils n’ont pas de matériels, ne sont pas équipés et n’ont pas de moyens et le personnel est souvent absent ou très mal formé. »

Le ministre se félicite des réalisations faites par son département sous l’ère CNRD. « Il y’a eu des progrès entre Conakry et Nzérékoré. Nous avons reprofilé beaucoup de voiries, bitumé d’autres, construit et reconstruit des ponts à plusieurs endroits. Bientôt, les quatre ponts de Tanènè (Dubréka), qui datent de l’époque coloniale, seront remplacés par un seul et unique pont. A Kankan, les travaux étaient à l’arrêt depuis plus de quatre ans. Il y a toujours beaucoup de points critiques que nous cherchons à corriger. C’est un secteur qui a énormément besoin d’investissement », affirme le ministre qui regrette la lenteur des sociétés en charge des travaux sur le terrain. Ainsi, Yaya Sow presse les entreprises pour finaliser les travaux notamment de la Route nationale Conakry-Faranah qu’il espère inaugurer d’ici janvier 2023.

Stations de péages et de pesages

Le gouvernement aurait obtenu des financements pour réaliser des travaux, quoi qu’ils soient insuffisants. D’autres sont nécessaires pour rendre opérationnels les aérodromes de Kankan, Faranah, Nzérékoré, Labé et Siguiri. Autres perspectives : la mise en place « des stations de péages au niveau des ponts de Tanènè et sur la nationale N°5 afin de lever des fonds d’entretien routiers et des stations de pesage des véhicules, pour prévenir les accidents et la dégradation des routes ».

Restaurer la confiance avec l’hôpital

Pour sa part, le ministre de la Santé et de l’hygiène publique, Mamadou Péthè Diallo, tient à restaurer la confiance, le respect, la dignité et la considération du système de santé aux yeux des patients. « Nous avons observé chez nos compatriotes des inquiétudes, mais aussi de l’espoir. Nous avons aussi noté des défis énormes dans les domaines de l’organisation de nos administrations déconcentrées. Cependant, nous avons l’administration la plus structurée qui fonctionne relativement mieux, parce que la santé est un système pyramidal d’organisation qui permet de faire un maillage complet dans tout le territoire national. »

Néanmoins, le ministre n’occulte pas les défis auxquels son département fait face : des infrastructures de base vieillissantes qui remontent de l’époque coloniale. C’est le cas des hôpitaux régionaux de Kankan, Labé, Nzérékoré et Kindia qui fonctionnent avec des équipements archaïques, ayant une faible capacité. Des infrastructures construites au moment où ces villes n’avaient que 50.000 habitants au maximum. Aujourd’hui, le chiffre a doublé. Ce qui nécessite des hôpitaux d’une capacité d’accueil plus importante.

L’héritage

L’autre problème est lié au personnel de santé. « Ces derniers temps, nous avons connu des pléthores de structures de formation, sans que le mécanisme de contrôle de qualité nous accompagne. On est en surnombre à Conakry et en manque de personnel à l’intérieur du pays. Les anciens gouvernements ont fait des travaux et des investissements énormes dans le secteur de la santé, bien qu’il y ait des projets non achevés ou non-opérationnels. Mais le manque de schéma de transmission au niveau préfectoral et régional pose problème ».

Le ministre Péthè Diallo annonce que son département va s’engager dans un recrutement biphasé. Le premier concerne la régularisation des agents contractuels, bénévoles ou des stagiaires qui font fonctionner les hôpitaux depuis une dizaine d’année pour qu’ils continuent de servir. Suivra le recrutement de médecins spécialistes qui seront affectés à l’intérieur du pays.

Après avoir fait l’inventaire des besoins à l’intérieur du pays, selon le ministre, « le gouvernement de transition a pris l’engagement de construire quatre nouveaux hôpitaux régionaux avec un grand plateau de services modernes et d’en faire des hôpitaux universitaires qui permettront aux étudiants et aux cadres de se spécialiser et de se former davantage. Ils seront livrés dans un délai allant de 26 à 30 mois ».

Cliniques clandestines et faux médicaments

Abordant les perspectives à court et long terme de son département ministériel, Péthè Diallo prévient : « Toutes ces cliques sauvages où opèrent des charlatans, illégales avec du personnel non qualifié, seront traquées et fermées. Celles qui sont en règle, gérées par des professionnels bénéficieront de l’accompagnement du ministère. Nous allons construire 15 centres de santé à travers le pays, pour remplacer les cliniques qui seront fermées ».

L’autre chantier concerne les faux médicaments. « Les Guinéens payent trois fois plus cher le même produit du même fabricant que les autres pays de la sous-région. Nous voulons rationaliser l’importation et la distribution du médicament et son prix. C’est très difficile, car c’est notre loi qui autorise les professionnels à faire ce trafic. Nous essayons de régler ce problème en contrôlant les faux médicaments et en créant les conditions pour que les pharmaciens importent des produits dont nous allons vérifier la qualité et vendre à un prix raisonnable. Ravitailler les hôpitaux à travers la pharmacie centrale de Guinée ». Vaste chantier !

Abdoulaye Bah