Mamadi Doum-bouillant ne pouvait certainement pas mieux faire. En plus d’être un grand militaire, un militaire très grand, il s’est révélé un excellent médecin, peut-être malgré lui. En un geste et trois mouvements, il a réussi à poser le meilleur diagnostic des maux dont souffre la Guinée de 2022. D’un côté, il demande à son béant goubernement de réaliser une immersion de près d’un mois à l’intérieur du pays pour se familiariser avec les raisons profondes qui empêchent les populations guinéennes d’émerger en matière de développement durable. De l’autre, grâce à la stabilité relative de l’année scolaire 2021-2022, les examens de faim damnée scolère ont pu coïncider avec l’intrusion gouvernementale dans les affaires populaires. Le tollé est immédiat.
Une fois n’est pas coutume, les surveillants du ministre Hawing ont osé pousser à la fois des ailes et le bouchon un peu trop loin. Ils mettent la main sur des fraudeurs de toute nature. Aussi bien du côté des candidats aux diplômes que ceux des champions toutes catégories de la corruption. Les premières conclusions sautent aux yeux : plus de 80 pour 100 des marmots vont à l’école pour rien. L’horizon s’assombrit déjà pour les plus intelligents venant de ces sous-préfectures qui n’auront enregistré qu’un admis. Quel collège fréquentera celui-là à la rentrée d’octobre 2022 ? A moins qu’il n’ait été admis que…pour doubler gratuitement. Il ne faut peut-être pas aller vite en besogne. Certainement que le ministère de l’Enseignement pré-universitaire et de l’Alphabétisation a prévu de tels cas, puisque gouverner, c’est prévoir. Sinon, il vaut mieux lui coller le procès qu’il mérite. «Pour non-assistance à personnes en danger.» Voilà un ministre de l’éducation qui exige des résultats clairs, propres, honnêtes …dans un système pourri où règne en maitre « le chacun pour soi, l’argent pour tous… ceux qui peuvent « bénéficier d’un décret. » Si tout est clair dans le pays, comment vont faire les importateurs de taxis-motos qui donnent une première chance aux diplômés de nos universités, si désireux de décrocher un premier emploi ?
Malheureusement, le deuxième tollé a refusé de tomber. C’est la relation causale entre détournent de deniers publics et absence d’équipements et d’infrastructures dans le pays. Les patrons qui détournent sont des hommes et des femmes si gentils qu’ils doivent obligatoirement jouir d’une «santé sociale imperturbable.» Le détournement de biens publics est plutôt un chapelet de complicités que l’on égrène à la porte du voleur attitré. Empocher des rapines s’avère beaucoup plus rentable que d’exiger un développement local dans tel ou tel domaine de la vie du citoyen lambda. Aussi, l’exigence envers les prédateurs relève-t-elle de la méchanceté de la victime. C’est en quelque sorte la logique de Renouvier : « Le blanc est blanc, la neige est neige. Dire que la neige est blanche est une tautologie. » Charles Wright n’a des griefs que parce qu’il est haineux et jaloux. A la limite, on ne comprend pas pourquoi il exige des milliards pour la libération précaire d’un honorable citoyen. Personne ne demande combien il en reste dans le compte. Pour quoi faire ? Allons-donc !
Diallo Souleymane