Le 5 septembre 2021 la Guinée a été réveillée par un coup d’Etat sanglant qui a renversé le Président Alpha Condé et porté à sa tête un jeune Colonel, du nom de Mamadi Doumbouya. La junte au pouvoir s’est baptisée Comité National de Rassemblement et du Développement (C.N.R.D) dont l’ensemble des membres ne sont pas connus à ce jour par le peuple de Guinée. Le jour même du coup d’Etat, le Président de la junte a annoncé la dissolution des Institutions, la dissolution (ou suspension) de la Constitution, la refondation de l’Etat guinéen.

La refondation de l’Etat, le mot est lâché, mais rien n’est dit sur la méthode, la durée, les objectifs à atteindre. Toutefois, des bribes d’informations sortent çà et là, la refondation de l’Etat consisterait à dissoudre tous les partis politiques et créer deux ou trois partis Etat.

Ainsi, les Guinéens, de quelque bord que ce soit, seront obligés de se reconnaitre entre ces deux ou trois partis politiques quelles que soient leurs idéologies politiques, afin de bannir l’ethnocentrisme, le régionalise, le népotisme, le clanisme, le copinage, la politisation à outrance de l’Administration, bref, afin de se débarrasser de tous les maux dont souffre notre chère Guinée.

Cependant, on est tenté de se poser la question: quelle serait l’idéologie de ces deux ou trois partis Etat, de droite, de gauche, le communisme, le capitalisme, le libéralisme, le socialisme. Où tout au moins l’anarchie dans le collectivisme tout simplement, comme la théorie Bakounine.

Les apprentis sorciers doivent comprendre que l’Etat est une entité politique qui comprend tous les citoyens en vue de faire valoir l’intérêt général.

Or, la base de l’Etat, son socle repose sur la famille. La famille c’est bien plus qu’un groupe d’individus partageant un espace physique et psychologique commun. C’est un système social naturel avec ses propriétés, son propre ensemble de règles, des rôles prescrits pour chacun des membres et un système de pouvoir structuré.

Par conséquent, pour refonder l’Etat, ne faudrait-il pas dans ce cas refonder en même temps la famille, en la déstructurant en profondeur? Ainsi, les Diallo de Moyenne

Guinée iront en Haute-Guinée, les Doumbouya de Haute-Guinée remplaceront les Diallo au Fouta. De même, les Bangoura de Basse Côte iront remplacer les Haba de la Forêt, vice versa. La refondation de l’Etat sera alors complète et parfaite, comme du reste l’avait fait les Nazis avec leur idéologie de la race aryenne. Lors des élections, il n’y aurait aucun risque qu’un Diallo vote pour un candidat libéral, et qu’un Doumbouya vote pour un candidat communiste, ainsi de suite.

En réalité, il y a un combat idéologique qui est engagé en République de Guinée. D’un côté, il y a les libéraux capitalistes et de l’autre côté il y a les socialistes communisants. Je pense que l’on n’a plus besoin de chercher à connaître l’idéologie du CNRD, les actes parlent d’eux-mêmes.

C’est sur ce théâtre de combat idéologique, que fait surface l’affaire d’Air Guinée. Elle est symptomatique de la bataille rangée, engagée par les communistes contre les libéraux en Guinée, le totalitarisme contre le multilatéralisme.

La privatisation d’Air Guinée ou la cession des actifs de la Compagnie Nationale Air Guinée, aux yeux des communistes, est un péché capital, comparable aux péchés d’Israël. Selon la Bible, le péché est une faute contre la raison, la vérité, la conscience droite. Il est un manque à l’amour véritable, envers Dieu et envers le prochain, à cause d’un attachement pervers à certains biens. Il blesse la nature de l’homme et porte atteinte à la solidarité humaine.

La vente de l’Avion présidentiel, (le seul avion de la compagnie nationale) par les libéraux symbolise les vingt-quatre ans de règne du Général Lansana Conté, marqué par le libéralisme, le capitalisme, l’ouverture de la Guinée au monde et surtout l’avènement du multipartisme intégral et de la démocratie en République de Guinée. Sinon, ce n’est pas seulement un avion qui a été cédé, deux autres avions avaient été cédés auparavant. En plus d’un avion, des unités industrielles sans rendement, plombées par dettes colossales ont été privatisées.

Il est que le capitalisme a ses règles et le communisme, les tiennes. En capitalisme, quand une société étatique tombe en faillite, on la privatise. Dans le système communiste, quand une société tombe en faillite, c’est l’omerta totale, gare à qui va la déclarer.

Donc, ce qui se joue dans l’affaire d’Air Guinée n’est ni plus ni moins qu’une guéguerre contre le libéralisme des 24 ans du Général Lansana Conté. Il faut alors, vaille que vaille punir ceux qui ont symbolisé cette période de notre histoire et qui veulent encore nous ramener dans ce modèle de gouvernance.

En effet, Dieu a créé l’Homme libre. Quand l’homme a eu besoin de feu, il l’a inventé, quand il a eu besoin de chasser, il a fabriqué la pierre taillée. L’intelligence humaine est illimitée. Il ne sert à rien de vouloir opprimer ses concitoyens pour les parquer, les contrôler, les pister, les filer, bref ériger un Etat policier et espérer tirer quelque chose de bon d’eux.

L’oppression, la tyrannie, embastiller son propre peuple rime avec la décadence de la société. Un peuple opprimé ne réfléchit plus, son génie créatif est refoulé dans son subconscient. Un Etat se doit de fixer les règles du jeu démocratique, et veiller au respect strict de ces règles gage d’une harmonie dans la société.

Maître Thierno Hady Barry

Avocat au Barreau de Guinée