Ce mercredi 3 août, au Chapiteau du Palais du peuple, un hommage national a été rendu au célèbre saxophoniste Mamadou Aliou Barry, décédé le 26 juillet à l’âge de 79 ans à Paris. Maître Barry ou EL-Maestro, comme on l’appelait affectueusement, laisse derrière lui un grand héritage dont deux albums sortis en 2009 et 2016.

Escortée par la fanfare et la gendarmerie nationale, sa dépouille est arrivée à 11h. Dans une grande émotion, la cérémonie a débuté avec l’observation d’une minute de silence à la mémoire du défunt. « Officier de l’ordre national du mérite de la République de Guinée, la nation reconnaissante te dit merci ! ». C’est sous ce slogan que la Guinée a salué pour la dernière fois la mémoire de ce héros qui a tant contribué à la promotion de la culture guinéenne à l’intérieur et à l’extérieur du pays.

Du beau monde au rendez-vous : la famille éplorée, les amis, les collaborateurs, les artistes, les autorités en charge de la culture guinéenne… Tous venus rendre un vibrant hommage au Maestro. Chacun y va de son commentaire sur la simplicité, les mérites et le savoir-vivre de l’homme. Les larmes aux yeux, le ministre de la Culture, de l’hôtellerie et du tourisme, Alpha Soumah alias Bill de Sam, se souvient d’un « baobab, cette référence » qui a bercé son enfance. « Une véritable source d’inspiration » pour celui qui a fait carrière dans la musique.

« Tout ce qui est debout finira par se coucher, mais un symposium se mérite. La mort est inévitable certes, mais assister aux obsèques des Maitre Barry ‘’EL Maestro’’ est une épreuve douloureuse. Maître Barry, que nous accompagnons aujourd’hui, a vécu dans l’honneur et la dignité. Son amour pour la musique et son talent l’ont hissé très tôt au sommet de son art. Humble, rigoureux dans le travail, exigeant, toujours à la recherche de la perfection, il ne s’est jamais détourné de sa mission qui était d’éduquer et de former. Il s’est battu avec abnégation pour la survie du saxophone. Hélas, il le laisse orphelin. Sa disparition est une perte pour sa famille, mais elle est incommensurable pour les hommes de culture et la jeunesse guinéenne », a-t-il conclu.

« L’immortel »

Enseignant-chercheur, chef d’orchestre, meneur d’homme, auteur-compositeur, musicien accompli, référence… autant de qualificatifs pour décrire celui qui est considéré comme le « plus grand saxophoniste de l’histoire de la Guinée », souvent identifié au célèbre chanteur camerounais Manu Dibango. Mamadou Aliou Barry, multi-instrumentiste, fut un des ambassadeurs de la culture guinéenne en Afrique et dans le monde.

Très proche, tant dans la vie professionnelle que privée, Jean Batiste Williams qui garde de lui des très bons souvenirs, s’est adressé au défunt : « Tu as frappé fort mon frère, à tel point que la Guinée ne t’oubliera jamais. En compagnie du Bembeya Jazz, tu as participé au rayonnement de la Guinée à travers le monde. Maître Barry n’est pas venu dans la musique par hasard, il l’a hérité de son père. Musicien depuis le berceau, il a connu des jours glorieux notamment aux côtés de Manu Dibango. Il nous a quittés après tant de moments de joie et de bonheur. De la joie à la tristesse, dore en paix mon frère ! Ton héritage et tes œuvres ne disparaîtront jamais. Le peuple de Guinée est fier de toi. »

Justin Morel Junior a côtoyé le leader du groupe African Groove qui se produisait chaque samedi soir dans son restaurant à Kipé. Il perd un père. « Il est celui dont la culturalité et la virtuosité avait fusionné pour nous donner un musicien à la complétude hors-pair. Nous le regretterons toujours. Personnellement, je n’oublierai jamais sa fidélité et son amitié. Repose en paix artiste du peuple ».

S’exprimant au nom de la famille éplorée, inconsolable tout au long du symposium, Alpha Soumah, frère du défunt, a témoigné sa gratitude à l’endroit du gouvernement et de la Guinée. « En organisant cette cérémonie, vous nous avez montré que nous ne sommes pas seuls dans cette rude épreuve. Vous l’avez certainement mieux connu que nous, car depuis longtemps, il appartient à la Guinée entière. Malgré tout, il n’a pas manqué son rôle d’aîné de la famille. Nous savons que nous pouvons compter sur votre soutien. C’est pourquoi, la grande famille me charge de vous dire merci pour votre présence à nos côtés depuis le décès de notre frère, et pour avoir facilité le rapatriement de son corps. Que son âme repose en paix ! Amine ».

Après cet ultime hommage national, la dépouille de Maître Barry a été conduite à la mosquée de Sans-Fil, dans le centre-ville de Kaloum, pour la prière funèbre, suivie de l’enterrement au cimetière de Cameroun où repose désormais le célèbre saxophoniste pour l’éternité.

Abdoulaye Bah