En 2020, Ibrahima Diallo et Sékou Koundouno avaient été arrêtés le 6 mars, libérés une semaine plus tard et mis sous contrôle judiciaire. Chaque semaine, pendant 4 mois, ils se présentaient devant le juge d’instruction du Tribunal de Mafanco. Jamais ils ne s’y sont soustraits jusqu’à l’établissement d’un non-lieu pour eux.
Mais le harcèlement judiciaire continuait de plus belle. Je me souviens qu’une fois, des policiers à bord des plusieurs pickups étaient venus chercher Ibrahima à la maison pour une nouvelle interpellation alors qu’il était dans le bureau du juge d’instruction à Mafanco au même moment. Ce qui était bien entendu paradoxal.
A l’époque durant des mois, notre domicile était surveillé, nos téléphones sur écoute, (les textos de certains agents de renseignement me faisaient rire, surtout lorsqu’ils se font passer pour « ma copine ». Lorsqu’on a vécu une telle oppression, on ne se sent plus intimidé par de telles épreuves. On est plutôt endurcis, vacciné en quelque sorte.
Pour cette nouvelle expérience, cela fait un mois que Ibrahima est détenu à la maison centrale. Je le vois tous les jours. Et on raconte et se marre des dérives dictatoriales.
Nous sommes tellement ragaillardis par les nombreux soutiens. Et cette solidarité galvanise tellement pour la suite du combat.
Asmaou Barry