La Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF) veut encore sévir. Le 28 juillet, le Pro-crieur spécial près la CRIEF, Aly Touré, a annoncé avoir requis l’ouverture d’une information judiciaire contre l’ancien ministre de l’Aigri-culture,  Jean-Marc Telliano, actuel prési du RDIG (Rassemblement pour le développement intégré de la Guinée), membre de la coalition UPP (Union des partis politiques). Désormais Jean-Marc Tellianon-oui doit se battre à rassembler des preuves, à brandir à la CRIEF.

Il avait rejeté le «chronogramme laconique» de la junte et se battait à rassembler les Guinéens, pour «se tenir prêts» en vue d’éviter d’être «envoyés dos au mur» par le CNRD. Désormais Jean-Marc Tellianon-oui doit se battre à rassembler des preuves, pour répondre aux accusations d’un rapport de dénonciation, dressé contre lui, sur un présumé «détournement scandaleux» d’une misère de plus de 200 petits milliards de francs glissants. Dans sa volonté de «promouvoir la moralisation de la gouvernance économique» en Guinée, le Pro-crieur spécial de la CRIEF le soupçonne de «détournement de deniers publics, faux et usage de faux en écriture publique, enrichissement illicite», et tout et tout. Selon la CRIEF, «il résulte de ce rapport que de 2011 à 2012, le gouvernement de la Guinée a entrepris un vaste programme pour l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire, se matérialisant par l’achat d’engrais, de produits phytosanitaires, d’équipements, de semences ainsi que des subventions accordées à certains organismes pour un investissement total de 368 967 473 558 Gnf. Après vérification des mouvements sur les comptes des différentes chambres régionales d’agriculture ouverts dans les livres de la BCRG, il n’y a été trouvé que la somme de 111 217 518 500 Gnf, soit un gap de 257 749 955 058 Gnf.» Le Communiqué du Pro-crieur ajoute que ces «faits ainsi relatés sont constitutifs, au regard de la loi, des infractions de détournement de deniers publics, faux et usage de faux en écriture publique, enrichissement illicite, blanchiment de capitaux, corruption et complicité», prévus par les dispositions de plusieurs articles de notre Code pénard, par la Loi n° /2021/0024/AN portant lutte contre le blanchiment de capitaux et financement du terrorisme, la Loi L/2017/041/AN du 4 juillet 2017 portant prévention et répression de la corruption et des infractions assimilées.

Réaction de l’accusé

Visiblement, Jean-Marc Telliano-oui ne se sent pas dérangé outre mesure par les «poursuites» de la CRIEF. «J’ai la conscience tranquille, je suis très ouvert», a-t-il réagi, avant d’arguer qu’il a été l’un des rares ministres en fonction, à avoir écrit une lettre officielle au Prési Alpha Grimpeur, au Premier des ministres, au ministre du Contrôle comique et financier, pour que son département soit audité. Même qu’en 2012, il a dénoncé la surfacturation dans l’affaire des engrais. «J’ai été le seul ministre, lors de la sortie du Président de la République à Boké, lors de la fête de l’indépendance, qui a parlé de surfacturation. Et mieux, dans les conditions normales, y a eu un Comité interministériel qui a été institué au sein du ministère de l’Agriculture pour la gestion de la campagne agricole. Là où j’ai été touché, dans les conditions normales, c’est le ministre de tutelle qui devrait présider le Comité interministériel institué à cet effet. Mais à mon fort étonnement, c’est le ministre du Plan d’alors qui était le Président de cette commission et qui, aujourd’hui, est Conseiller du CNRD. Monsieur Souleymane Cissé était le président (du Comité interministériel). Le vice-président était le ministre du Contrôle économique et financier. Le deuxième vice-président était feu Mamadouba Toto Camara. Donc, je n’étais que membre avec le ministre des Finances. Toutes les décisions pour la vente, l’achat, la distribution des intrants, incombaient au président de la commission. Et mieux, on ne peut pas augmenter le prix de l’engrais alors qu’il a été fixé par décret du Président de la République. Par ailleurs, la distribution était assurée par Arrêté du Premier ministre. C’est ce qui m’avait poussé à organiser une conférence de presse en 2012, pour démentir le Président de la République et précisant que ce qu’il avait dit, au sujet de l’augmentation du prix des intrants, était une contre-vérité», a rappelé Telliano-oui qui se dit prêt à répondre à la convocation de la CRIEF, dès qu’elle lui sera adressée : «Si on me convoque même demain, je vais répondre. Heureusement que j’ai des dossiers. Heureusement, j’ai le décret pour la fixation du prix de l’engrais», tente-t-il de se défendre avant…leurre.

Même si le pro-crieur, Aly Touré, a tenté de rassurer qu’à «la CRIEF, on ne fait pas de poursuites ciblées», il pèse sur l’institution des accusations d’impartialité, de poursuites ciblées contre des leaders politiques, de manque de preuves contre les personnes poursuivies. Malgré tout, la CRIEF veut croire à sa mission de moralisation de la gouvernance comique euh…économique de la Guinée. Après ses poursuites, plusieurs anciens dignitaires du régime d’Alpha Grimpeur sont sous les verrous, dont l’ancien et dernier Premier ministre du Grimpeur, Ibrahima le Cas-Sorry Fofana… Jean-Marc Telliano-oui va-t-il les rejoindre ? On croise les doigts, puisque l’épilogue de la soixantaine de dossiers ouverts n’est pas pour demain.

Mamadou Siré Diallo