Le dialogue National Inclusif et Souverain (DNIS) s’est ouvert le samedi 20 août. 1 400 délégués de syndicats et partis politiques vont se réunir durant 21 jours au palais de l’Art et de la Culture (ex-Palais 15 Janvier) de Ndjamena. Mais, c’est sans Baba Laddé et les membres du FPR (Front Populaire pour le Redressement), Parti Politique dont il est le Président National.

Le 13 juin dernier sur les antennes de RFI en français et fulfuldé, Abdelkader Mahamat alias Baba Laddé, s’était indigné de la lenteur et surtout du énième report du Pré dialogue qui selon lui, aura un impact certain sur la transition. La rencontre, préalablement prévue pour le 10 mai dernier, a duré plus de 5 mois à Doha et s’est soldée par un accord de paix signé le 8 août, boycottée par au moins 18 groupes politico-militaires. Parmi lesquels, le FACT et le CCMSR qui possèdent une présence militaire menaçante sur le terrain, en plus des trois autres dont les leaders historiques, charismatiques, comme le colonel Adoum Yacoub du FPRN, Dr. Bichara Idriss Haggar du CNR, Choua Dazi du MDJT ».  

La prophétie d’un homme de terrain, ex rebelle pétrie d’expérience

Baba Laddé, qui a longtemps combattu Idriss Deby Itno avant de se rallier à lui, prend fait et cause pour la junte militaire dirigée par Mahamat Idriss Deby. Il estime que c’est au Conseil militaire de transition, la junte au pouvoir, de rester à la tête du pays au-delà des 18 premiers mois. Rallié au pouvoir tchadien, il estime que le pré-dialogue de Doha entre le gouvernement de transition et les mouvements politico-militaires aurait dû être uniquement centré sur l’organisation de leur participation au dialogue national inclusif et souverain. Mais leurs exigences, qu’il avait jugées exorbitantes, notamment les demandes de cessez-le-feu et autres amnisties pour les prisonniers de guerre, ont retardé, selon lui, tout le processus de sortie de crise : « Une chance leur a été donnée par le PCMT, le président du Conseil militaire de transition… C’est leur faute, parce que nous ne pensions même pas que Doha aurait duré une semaine. C’était un accord de principe qu’ils devaient donner pour leur participation au dialogue au dialogue national inclusif à de N’djamena, mais si aujourd’hui on va déjà vers un mois, deux mois, c’est la faute de qui ? » s’était interrogé Baba Laddé sur RFI.

 L’ex Directeur des renseignements généraux du Tchad avait donc pressenti ce jeu des politico-militaires ? Parce que, après ces longs séjours qataris, certains ont simplement claqué la porte pour accuser les autorités tchadiennes de mauvaise foi. Lundi 22 août déjà, le Conseil de commandement militaire pour le salut de la République (CCMSR), groupe non signataire de l’accord de paix de Doha, affirme avoir fait incursion en territoire tchadien et évoque un survol de ses positions par l’aviation. Il menace de « tirer » le jour même où allait s’ouvrir les travaux du Dialogue National Inclusif et Souverain.

Dialogue National Inclusif et Souverain, espoir ou mirage ? 

Un ex-rebelle qui dépose les armes pour créer son parti pour embrasse le jeu démocratique, et c’est lui qu’on oublie. Baba Laddé, récemment secrétaire général adjoint au ministère de la Sécurité publique (démissionnaire) après avoir perdu son poste à la tête des renseignements généraux au mois de février dernier, devrait être présenté dans ce dialogue comme le symbole de la reconversion des politico-militaires. Comme disait quelqu’un, « c’est parce qu’il n’est pas du BET » (Borkou Ennedi Tibesti) ? Le dialogue actuel est un moment en or que les Tchadiens doivent saisir ; malheureusement, les gens sont en train de passer à côté, surtout les organisateurs et les autorités de transition, parce qu’on observe une exclusion nette à ce dialogue. Pourtant, il faudrait dialoguer sans frustrer.

Dimanche Isaac Kassalatna

In La luciole