La reine Elizabeth II est morte jeudi 8 septembre à 96 ans. La reine avait fêté en juin son jubilé de platine et tout au long de ses 70 ans de règne, elle a entretenu des liens étroits avec le continent africain â travers le Commonwealth, notamment.
Le lien de la reine avec le continent est particulier puisque c’est en Afrique qu’elle est devenue reine. En février 1952, la princesse Elizabeth a 25 ans et elle est alors en voyage officiel au Kenya lorsque son père, le roi Georges VI, décède d’un cancer du poumon. La nouvelle lui est annoncée par son mari, le prince Philip. Dès son retour sur le sol britannique, Elizabeth est officiellement proclamée cheffe de l’État, de l’Église anglicane et du Commonwealth, cette alliance qui fédère les anciennes colonies britanniques.
Mais en réalité, l’engagement d’Elizabeth à l’égard du Commonwealth, commence cinq ans plus tôt, dès 1947 lors d’un voyage en Afrique du Sud. Elizabeth a alors 21 ans et elle prononce ces mots : « Je déclare devant vous tous que toute ma vie, qu’elle soit longue ou courte, sera dédiée à votre service et au service de notre grande famille du Commonwealth, empire auquel nous appartenons tous ». Un discours qui constitue le premier engagement de la future reine à l’égard du Commonwealth.
En tant que cheffe du Commonwealth, Elizabeth II a d’ailleurs été un témoin privilégié du délitement de l’Empire britannique et des « indépendances » africaines. Malgré cela, la reine a su conserver des liens avec les pays anglophones du continent, comme le Ghana, premier pays à obtenir son indépendance en 1957, où elle se rend en 1961. Ce voyage est alors le premier déplacement d’État d’Elizabeth II dans le Commonwealth moderne. Elle rencontre le président ghanéen Kwame Nkrumah. Elle va même ouvrir le bal, en dansant avec le dirigeant panafricaniste La scène restera dans les esprits.
En 1979, la reine se rend aussi en Zambie, contre l’avis de la Première ministre britannique Margaret Thatcher. En effet, Lusaka, la capitale, accueille le sommet du Commonwealth. C’est à cette occasion qu’Elizabeth II préside la signature de la Déclaration de Lusaka sur le racisme et les discriminations. Un texte important dans lequel les dirigeants de l’organisation s’engagent à travailler main dans la main pour éliminer le racisme, les préjugés raciaux et les politiques d’apartheid.
Elizabeth II entretiendra, pendant des années, une relation compliquée avec l’Afrique du Sud. Elle refusera d’ailleurs de se rendre dans le pays, entre 1952 et 1995 afin de ne pas cautionner le régime d’apartheid en place.
Au fil des années, elle tissera cependant un lien privilégié avec Nelson Mandela qui l’appelait « mon amie ». Leur première rencontre a eu lieu en 1991, à l’occasion du diner des chefs des gouvernements du Commonwealth à Harare. Mandela avait été convié dans la capitale du Zimbabwe par son président Robert Mugabe. À l’époque, Mandela libéré en 1990, n’est encore que le patron de l’ANC, et l’Afrique du Sud ne fait pas partie du Commonwealth. En mai 1994, il devenait président d’Afrique du Sud et, dans les mois qui suivirent, l’Afrique du Sud avait rejoint le Commonwealth.
Leur relation s’est alors empreinte d’un profond respect mutuel. En 1995, Mandela accueille Sa Majesté dans son pays. En 1996, c’est au tour du président sud-africain de se rendre chez Elizabeth II. En visite d’État à Londres, Mandela fait part de son admiration pour « cette gracieuse dame » lors d’un déjeuner qu’il a organisé en son honneur. Un aide royal présent ce jour, avait expliqué au Telegraph, toujours en 2002, que la reine s’était ensuite levée pour prendre la parole et avait improvisé un petit discours pour saluer un « homme merveilleux ». Son fils, Charles, lui succède au trône sous le nom de Charles III, avec le lourd héritage du problème de Lady Diana, encore vivace dans l’esprit de la plupart des sujets britanniques »
Avec RFI