Peu après son passage dans l’émission Mirador, où il a critiqué la junte le samedi 24 septembre à Conakry, Etienne Soropogui, leader du mouvement Nos valeurs communes et membre de l’ANAD, a été arrêté par des gendarmes. Il a été conduit à la Direction centrale des investigations judiciaires de la gendarmerie nationale (DCIJ), où il a passé la nuit, en garde à vue.
Son avocat, Me Salifou Béavogui, a échangé avec son client, dans la matinée du 26 septembre. Il indique qu’Etienne Soropogui «était dans tous ses états», du fait qu’on a mis du temps sans lui signifier le moindre motif de son arrestation.
«Nous avons demandé à l’officier de police judiciaire de nous dire les raisons pour lesquelles Etienne a été interpellé. Finalement, il a été reçu par les enquêteurs et il a été entendu sur procès-verbal. Nous avons constaté qu’il y a rien dans le dossier. Nous avons remarqué que même les enquêteurs sont embêtés, parce que pratiquement, ils n’avaient rien sous la main», déclare Me Salifou Béavogui. Toutefois, son interrogatoire bouclé, Etienne Soropogui sera déféré «d’un moment à l’autre» au tribunal de première instance de Dixinn, où le procureur prendra la décision. Me Salifou Béavogui demande la remise en liberté immédiate de son client.
Des rumeurs faisant allusion à un refus prêté à Etienne Soropogui de répondre à une convocation ont couru, notamment dans la presse. L’avocat dénonce une «contre-vérité», affirmant que son client n’aurait jamais été précédemment convoqué. «Etienne Soropogui ne se reproche de rien. Il a toujours circulé librement dans la ville, il ne s’est jamais caché. Il n’a jamais été appelé, encore moins convoqué pour lui dire qu’on lui reproche de quelque chose.»
Son arrestation et son interpellation ont suscité un concert de condamnations au sein de la classe politique. Me Salifou Béavogui affirme que le cas d’Etienne Soropogui «étonne et inquiète, tout porte à croire que c’est de façon injuste et arbitraire» qu’il a été arrêté.
«Ceux qui incitent ce groupe de militaire à se radicaliser, à entrer dans une configuration de bras de fer à la fois avec les acteurs nationaux et la communauté internationale ne font pas du bien à la junte. Je crois qu’ils sont interpellés à redescendre sur terre, cela ira mieux pour eux et pour le pays», lançait, le 24 septembre, Etienne Soropogui sur FIM FM. Ce sont ces propos qui lui ont valu l’arrestation ? Pour son avocat, ces propos n’ont rien de grave. «Ils ne peuvent être qualifiés d’infractionnels. On s’est basé sur une liste qui aurait été établie pour l’arrêter», dénonce-t-il.
Yaya Doumbouya