Il est superflu de dire que les routes de Guinée sont dans un état de dégradation totale. Tant le réseau routier du pays ressemble aujourd’hui à une chemise complétement usée. Tu couds par-ci, elle se déchire par-là. Aucune région n’est mieux lotie. Y compris la capitale et sa proche banlieue comme Coyah et Dubréka. Partout c’est la même plainte. Les pouvoirs publics ont abandonné les populations à leur triste sort. Mais comme le veut l’adage, chacun prêche pour sa propre chapelle. Les endroits qui nous intéressent ici sont Baïlobaya et Ketïtaya, dans la commune de Dubréka, et entre Kagbelen et Sanoya. Si la distance est longue pour le deuxième tronçon, il n’en est pas de même pour les deux premiers.
A Baïlobaya, les quelques nids de poules ä l’origine étaient formés au niveau du marché. Par manque d’entretien, ces nids de poules sont désormais de trous géants et béants qui se sont formés au milieu de la route. Obligeant les usages à ralentir pour passer. A cause des difficultés à traverser cet endroit, désormais de longues files de véhicules se forment parfois jusqu’au carrefour Cimenterie. Au-delà non plus, on n’est pas au bout de ses peines. Au carrefour Georges à Keïtaya, la situation est pire. Les nids de poules occasionnent un bouchon jusqu’à la Gendarmerie de Keïtaya.
Ce qui oblige les taximen à prendre le sens interdit. Causant un terrible bouchon dans l’autre sens. A cause de ces deux endroits les taxis commencent à être rares dans la zone. Or comme dit l’autre adage, le malheur des uns faisant le bonheur des autres, les taxis-motos se frottent les mains. Entre Keïtaya et Kagbelen, sur une distance de seulement 2 à 3 kilomètres, ils fixent le transport jusqu’à 10 000 francs guinéens. Surcout lorsqu’il pleut.
Plus loin, la situation n’est pas plus reluisante entre Kagbelen et Sanoyah, en passant devant les usines de ciments. Face ä la menace de voir la circulation complètement interrompue sur ce tronçon, les autorités ont colmaté les brèches récemment. Mais mettre de la terre rouge, ou dans le meilleur des cas, du granite fin sur une route fréquentée par les poids lourds et en pleine saison des pluies, c’est construire sur sable mouvant. Les travaux ne tiennent pas une semaine.
Le plus surprenant est le début des travaux d’aménagement des déviations du pont de Kagbelen. Commencer ces travaux au moment où le fameux pont est lui-même réalisé à près de 80% relève soit du mépris pour les usages soit d’un manque total de bon sens. Pendant deux saisons sèches, usagers et riverains inhalent la poussière, quand ils n’ont pas les pieds dans la boue, selon la saison. C’est vers la fin des travaux sur le pont que les déviations commencent ä être aménagées. Une vraie performance !
Par ailleurs, la route qui longe la voie ferrée devant le camp Kwame N’Kuruma ainsi que le domicile de l’ancien chef d’Etat-major des armées avait connu un reprofilage. Mais la pluie a eu raison des travaux. Bref, malgré la situation peu enviable de Conakry, la capitale demeure un Eldorado par rapport à sa haute banlieue.
On est loin de l’espoir suscité par l’avènement du CNRD au pouvoir. On se le rappelle, le nouveau ministre en charge des travaux publics avait même présenté les excuses du gouvernement à la population pour ce qui convenait d’appeler la démission de l’ancien régime dans le secteur des travaux publics. Avec le recul, les usages s’exclament tout nouveau tout beau.
Habib Yembering Diallo