Alors qu’il est dissous, du moins sur papier, le FNDC continue de mener la lutte contre la gestion «unilatérale» de la transition par le CNRD. En parallèle, il s’est engagé dans une bataille judiciaire contre les meneurs du putsch du 5 septembre et certains de leur entourage. Après le signalement auprès de la Cour pénale internationale, le FNDC a décidé de passer à la vitesse supérieure, en déposant une plainte contre le Chef de la junte devant la justice française. Le Front accuse le colonel Mamadi Doum-bouillant «de complicité d’homicides volontaires ainsi que de tortures». Il compte faire payer au Prési de la transition les exactions à l’occasion des manifs des jeudi 28, vendredi 29 juillet et mercredi 17 août 2022.

Dans une interview accordée à nos confrères de Financialafrik, Maitre William Bourdon, un des avocats du FNDC, explique le rôle que le colonel Doum-bouillant aurait joué dans la répression des manifs : « En tant que président de la Transition, les soussignés considèrent, en l’état des éléments transmis par le FNDC, les victimes et les familles de victimes qu’ils représentent, qu’il ne fait aucun doute que le colonel Mamadi Doumbouya a occupé un rôle central dans la répression actuellement à l’œuvre en Guinée contre le FNDC et ses alliés mais aussi les citoyens pro démocratie. Selon les éléments en notre possession, le colonel Mamadi Doumbouya aurait la nationalité française, nationalité susceptible d’entraîner la compétence des juridictions françaises pour connaître d’éventuelles poursuites pénales. En tout état de cause, ces mêmes juridictions peuvent être compétentes en vertu du principe de compétence universelle, compte tenu de la régularité des venues en France du colonel Mamadi Doumbouya ».

Selon l’avocat, il est encore prématuré d’affirmer que le Prési de la Transition sera de facto épinglé ou non : «Nous pensons qu’il est un rouage décisif dans la répression à l’œuvre. Il est encore trop tôt pour dire ce qu’il risque mais, dans un premier temps, il est indispensable que des investigations indépendantes puissent avoir lieu ».

Pour cet avocat, le CNRD, au lieu de bannir les erreurs du passé, perpétue les pratiques du régime qu’il a déposé : «La gouvernance de Mamadi Doumbouya a pu susciter, lors des premières semaines, une forme d’espoir, après des années de conservation du pouvoir par Alpha Condé. L’épreuve du temps a cependant eu raison de ces espoirs et on assiste à des mécaniques comparables à celles qui étaient à l’œuvre sous le régime d’Alpha Condé. Le régime au pouvoir ne donne aucune indication précise sur le calendrier de transition. Il est enfermé dans une dérive despotique ». Ça masse !

Yacine Diallo