Déclenchés depuis la veille, les affrontements entre manifestants en colère et des agents de force de l’ordre se poursuivent ce 20 octobre en banlieue de Cona-cris, notamment à Koloma, Bomboli, Cirage, Nassouroulaye et Camp-Carrefour. L’appel à manifester est du FNDC (Front national pour la défense de la Constitution) pour exiger de la junte le retour rapide à l’ordre constitutionnel.
La tension ne retombe que pour un petit temps. Soudainement, elle monte, crescendo. Les manifestants, armés de pierres et de bâtons, ont régné en maîtres de 9 heures à 10 heures à Bomboli, où ils ont déversé des ordures et brûlé des pneus sur la chaussée. Heureusement, vers 10 heures, ils ne dépouillaient pas les passants. Mais, ils leur ordonnaient de rebrousser chemin, ainsi que les motards téméraires.
Peu après, les flics, dans leur nouvel uniforme, ont débarqué. S’en suit un échange de jet de pierres contre bombes lacrymogènes. L’épaisseur et la noirceur de la fumée des pneus brûlés, ajoutées à la fumée du gaz lacrymogène ont assombri le coin. C’est la débandade. Les agents profitent de l’occasion, pour interpeller les rares manifestants, pris au piège par le gaz piquant.
A Bamboli, les manifestants se retranchent dans les quartiers, où cette fois-ci, les forces de l’ordre se sont abstenus d’y mettre pied. Du moins, entre 9 et 10 h. La plupart des accrochages ont eu lieu sur la voie Leprince. Comme au front : face à face, les manifestants d’un côté et les agents de forces de l’ordre, de l’autre, échangeant bombes lacrymogènes contre pierres.
Une maman recherche son rejeton qui a rejoint les manifestants
A 9 heures, vers Bomboli, une mère, larmes aux yeux, s’affole le fait que son enfant, appelé Ibrahima, ait rejoint un groupe de manifestants. Sans crainte, se frayant un chemin, elle s’est lancée à la recherche de son fils : « Si Ibrahima ne revient pas, je vais le maudire pour toujours. Je vais tenir mes seins et le maudire, afin qu’il ne trouve plus jamais le chemin du bonheur ! Mes enfants ne manifestent pas, lui excepté. Pourquoi il me fait cela ? » s’inquiète-elle. Seulement voilà, à la première détonation d’une bombe lacrymogène, près d’elle, et hop, elle ne demande ses restes. Woïka !
Brève interpellation d’un journaleux
A Koloma, Amadou Diouldé Diallo, le rédacteur en chef de la radio City FM, a été interpellé par des éléments du BATA (Bataillon autonome des troupes aéroportées). Mais il a été libéré, peu après. Selon notre source, il était en train de prendre des images de la scène de manifestation depuis le rez-de-chaussée de l’immeuble abritant City FM à Koloma-marché, qu’il a été interpellé et libéré, juste après. Heureusement !
La tension baisse
Au niveau des coins dits Cirage et Camp-Carrefour, des échauffourées sporadiques ont éclaté. Entre 11 heures et midi, la tension a baissé, mais restait palpable. Le commerce le long de la route était hermétiquement fermé. Pas un étal, pas un marchand ambulant. La circulation paralysée et les habitants, terrés chez eux. A 14 heures, la route est déserte et les bombes lacrymogènes retentissent de partout.
« Personne n’y passe »
A Cirage, deux pick-up de flics barrent la ruelle menant à la voie principale. La consigne : personne n’y passe. Même un endeuillé. «S’il vous plaît, laissez-moi passer, j’ai un décès », prie un adulte sur une moto, de direction de Cosa. Niet, disent les flics, qui l’intiment d’ailleurs de «dégager », avant qu’ils n’agissent. Le motard, en boubou, a détalé, sans rouspéter. « Un homme averti en vaut deux, non ?
Yaya Doumbouya