Ce 19 octobre, un collectif de 111 aviculteurs, victimes de la grippe aviaire du type H5NI à Coyah et à Forécariah en avril, mai et juin derniers, ont investi la devanture du ministère de l’Aigriculture et de l’Elevage. Les hôtes imprévus du ministre Moud Nagnalen Barry y ont tenu un sit-in, exigeant à être indemnisés en lieu et place d’un prêt sans taux d’intérêt proposé par le ministre. Celui-ci ne les a pas écoutés. Il a pris la tangente, sans piper mot, avant d’être rattrapé par les grognards qui ont suivi son véhicule. Sans succès.
Les manifestants avaient des slogans qui en disent long sur les difficultés auxquelles ils font face : «On ne prend pas crédit pour payer crédit» ; «Relancer nos activités, c’est sauver des emplois» ; «Nous risquons la prison à cause des dettes» ; «Oui à l’indemnisation, non au prêt, nous sommes déjà endettés» ; «Nous mourons à petit feu» ; «A l’aide, Monsieur le Président !»
Officiellement, c’est le 7 juin dernier que le gouvernement a déclaré l’existence de la grippe aviaire dans certaines fermes avicoles de Coyah et de Forécariah. Mais c’est en avril que le virus a commencé à décimer la volaille. L’Etat a pris des morsures : abattage sanitaire, incinération et enfouissement des poulets abattus et des œufs dans les zones infectées. On estime à plus 55 000 têtes de volaille abattues.
Au cours de leur sit-in, les aviculteurs accusent le ministère d’avoir abattu leur volaille sans les indemniser. Même qu’il aurait fait fi du respect des clauses du contrat les liant ainsi que le Code en la matière.
La porte-voix du collectif, dame Sous-mât Mariama Kéïta, déclare qu’ils sont juste-là pour manifester leur mécontentement, après huit démarches infructueuses auprès du ministre. «On a accepté l’abattage de nos poules constituant un problème de santé publique afin de sauver la pauvre population. On s’est sacrifié, on a sauvé d’autres fermes aussi parce qu’une ferme infectée peut contaminer plus de 1 000 autres. Le code indique que le ministère peut abattre la volaille, mais il doit dédommager. Mais, le ministre ne veut pas nous rencontrer. On est venu pour le rencontrer, mais il a usé de la force pour partir», déplore-elle.
Prêt, sans taux d’intérêt
Le 18 octobre, le ministère de l’Agriculture et de l’élevage, dans sa politique de relance du secteur avicole, a invité les fermiers inscrits sur la liste des victimes de la grippe aviaire, à présenter leur demande de prêt à taux zéro (accompagnée d’un business plan simplifié). Les demandes devraient être reçues à la DNAPA (Direction nationale de l’alimentation et de la production animale), le 31 octobre, à 16 heures, au plus tard.
«Les activités visées pour ces financements incluent l’achat de poussins, l’alimentation, la biosécurité, les frais de fonctionnement et les charges liées à la commercialisation. Le financement n’inclut forcément pas les investissements initiaux, tels que la construction de hangars», précise le département. Les projets qui seront validés par le ministère seront transmis au FODA (Fonds de développement agricole), lequel «privilégiera lesdits projets lors de son prochain cycle de financement», assure le département. Ce que ne veulent pas les aviculteurs. Ils veulent de l’indemnisation. Rien que ça !
Yaya Doumbouya