Moscou a accusé dimanche 23 octobre, lors d’entretiens téléphoniques avec des pays de l’Otan, l’Ukraine de se préparer à utiliser une « bombe sale », des allégations rejetées par Kiev et Washington qui disent craindre un prétexte pour une escalade.
Le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, s’est entretenu dimanche 23 octobre au téléphone avec ses homologues américain, français, britannique et turc du conflit en Ukraine, a annoncé le ministère russe de la Défense. Au cours de ces échanges d’une intensité inédite en un seul jour pour Sergueï Choïgou depuis le début de l’offensive russe, il a fait part à la plupart de ses interlocuteurs de « ses préoccupations liées à d’éventuelles provocations de la part de l’Ukraine avec recours à une “bombe sale” », selon son ministère. « Personne ne serait dupe » si Moscou faisait escalader le conflit en Ukraine en prenant prétexte de l’emploi par Kiev d’une « bombe sale », ont affirmé lundi 24 octobre, Paris, Londres et Washington.
Dans une déclaration conjointe, les trois ministres des Affaires étrangères « rejettent les allégations, à l’évidence fausses, de la Russie selon lesquelles l’Ukraine se prépare à utiliser une bombe sale sur son propre territoire. Personne ne serait dupe d’une tentative d’utiliser cette allégation comme prétexte à une escalade ».
« Les affabulations russes à propos de l’Ukraine qui se préparerait à utiliser une “bombe sale” sont aussi absurdes qu’elles sont dangereuses », a réagi le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba sur les réseaux sociaux. « Si la Russie appelle et dit que l’Ukraine serait en train de préparer quelque chose, cela signifie une seule chose : la Russie a déjà préparé tout cela. Je crois que désormais le monde doit réagir aussi durement que possible », a pour sa part fustigé le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Si la Russie a préparé « une nouvelle étape dans l’escalade, elle doit voir maintenant, de façon préventive et avant une de ses nouvelles “saletés”, que le monde ne l’acceptera pas », a-t-il ajouté.
Les États-Unis rejettent « les allégations clairement fausses du ministre Choïgou, selon qui l’Ukraine se prépare à utiliser une bombe sale sur son propre territoire », a réagi la Maison Blanche, prévenant que « le monde ne serait pas dupe en cas de tentative d’utiliser cette allégation comme prétexte à une escalade ». Le ministère français des Armées a confirmé dans un communiqué que Sergueï Choïgou avait dit craindre une « frappe de bombe sale par les Ukrainiens sur leur territoire, pour en faire porter la responsabilité à la Russie ». Le ministre français Sébastien Lecornu lui a rappelé que « la France (refusait) toute forme d’escalade, singulièrement nucléaire ». Son homologue britannique Ben Wallace a « réfuté » durant l’entretien les affirmations de Moscou selon lesquelles les pays occidentaux facilitaient une escalade de la guerre en Ukraine. Le ministre russe a également téléphoné dimanche 23 octobre au chef du Pentagone, Lloyd Austin – leur deuxième conversation depuis, et la troisième depuis le début du conflit.