Entre le Premier ministre et le Quatuor, c’est tout comme un dialogue de sourds. Alors que Bernard Goumou annonçait lui-même, après sa rencontre du 10 novembre avec les acteurs de cette plateforme, que les lignes étaient en train de bouger, sa réponse à leur mémorandum laisse entrevoir le contraire.

Le 14 novembre, le Premier ministre, dans un courrier qu’il a adressé à Mamadou Sylla qu’il a pris pour le « Coordinateur du Quatuor », fonction que la plateforme n’a pas à ce stade, a demandé à l’ANAD, au RPG arc-en-ciel, au FNDC-politique et à la CORED de faire main basse sur leurs préalables, pour aller directement autour de la table du dialogue : «Concernant l’exigence fixée par le Quatuor de conditionner sa participation au cadre du dialogue inclusif à la réalisation des dix points de son mémorandum, il me paraît important de préciser que le cadre est justement mis en place pour permettre de s’exprimer, d’échanger et de discuter de toutes les thématiques et propositions sans tabou, afin de formuler des recommandations allant dans le sens de l’intérêt national… Nous pourrions inscrire tous les sujets ou thématiques qui cadrent avec les différentes thématiques du dialogue inclusif… L’ensemble des points consignés dans le mémorandum peut être discuté entre nos entités et ne peut être un facteur de blocage au lancement du cadre du dialogue inter-guinéen ».

Bernard Goumou, pour convaincre le Quatuor de siéger au cadre du dialogue sans la satisfaction de leurs revendications, indique que leur mémorandum « sera partagé dans les prochains jours avec le médiateur de la CEDEAO pour la Guinée, Thomas Boni Yayi ».

Coup de pression

Avant même que les acteurs du quatuor ne se réunissent pour décider de la suite à donner à la réponse du Premier ministre, les facilitatrices ont annoncé que le cadre du dialogue inclusif s’ouvrira le 24 novembre prochain. Elles demandent à l’ANAD, au RPG arc-en-ciel, au FNDC-politique et à la CORED de communiquer les noms de sept délégués « à raison de deux délégués pour les travaux de groupe thématiques et cinq pour la cession inaugurale et de clôture ». Elles leur demandent de communiquer ces noms avant demain 16 novembre. Une façon d’accentuer la pression sur ces acteurs ? Pas sûr que le quatuor réponde favorablement, tant ils tiennent à ses préalables. Avant tout dialogue, le quatuor souhaite la libération des prisonniers politiques et le retour paisible des dirigeants politiques en exil, l’arrêt immédiat des poursuites judiciaires contre les responsables politiques et de la Société civile, la levée du contrôle judiciaire des neufs leaders politiques actifs du Quatuor, la levée de l’interdiction de manifester, la publication de la liste nominative des membres du CNRD, la déclaration des biens des membres du CNRD et du gouvernement à leur entrée en fonction, l’ouverture d’une enquête pour identifier et poursuivre devant les juridictions les auteurs des différents crimes lors des manifestations pacifiques sous le CNRD, la publication des rapports des autopsies faites sur les victimes sous le CNRD, la suspension des expropriations, la restitution des biens confisqués en dehors des procédures judiciaires et le respect de la présomption d’innocence et l’annulation de l’arrêté portant dissolution du FNDC. Vaste programme.

Yacine Diallo