À la suite d’un accord conclu au niveau des services du FMI (Fonds monétaire international), la Guinée devra recevoir environ 69 000 000 de dollars, annonce l’institution, dans un communiqué du 23 novembre. Soit 25 % de la quote-part de la Guinée du financement d’urgence par le biais du nouveau Guichet pour les chocs alimentaires du FMI de la facilité de crédit rapide. Mais avant, la demande de la Guinée sera examinée par le Conseil d’administration du FMI «dans les meilleurs délais».
La demande a été introduite par la Guinée auprès des services du FMI, les discussions se sont déroulées du 4 octobre au 18 novembre 2022 à Washington, aux Etats-Unis. Cet instrument, créé récemment, aide à répondre «rapidement» aux besoins des États faisant face à l’insécurité alimentaire. L’enveloppe que récolte le bled dans le cadre d’un financement d’urgence, aidera à répondre aux besoins urgents de la balance des paiements du bled, liés à la crise alimentaire, aussi atténuer ses «graves» conséquences.
Les services du FMI soutiennent que le fonds permettra également de fournir des ressources pour soutenir les plus vulnérables par «la distribution d’aliments et d’argent», financer les interventions visant à améliorer l’approvisionnement en engrais et à assister les agriculteurs.
«À la suite de la consultation de la Guinée au titre de l’article IV, les services du FMI prévoient que le taux de croissance économique atteindra 4,7 % en 2022, tiré par la poursuite de la vigueur du secteur minier. Bien que le secteur non-minier soit confronté aux impacts du choc sur les prix internationaux. Contenir les effets du choc sur les prix et atténuer son impact sur la sécurité alimentaire est la principale priorité de politique à court terme», explique le communiqué de l’organisation onusienne des Bretton Woods.
Dame Clara Mira des services du FMI qui a conduit les consultations avec notamment le ministre guinéen de l’Économie et des finances, rappelle que la pandémie du Covid-19 a impacté le secteur non-minier de la Guinée «plus durement que prévu». Et de poursuivre que la guerre en Ukraine, les chocs sur les prix mondiaux des produits alimentaires, des carburants et des engrais qui s’en sont suivis, ainsi que l’insécurité alimentaire découlée, conjugués à la période d’incertitude politique, ont aggravé la situation. Outre le ministre de l’Économie et des Finances, les services du FMI ont rencontré celui du Budget, Lanciné Condé, le Gouverneur de la Banque centrale, Karamo Kaba, entre autres.
«La croissance du secteur minier est restée résiliente, grâce à une forte production minière, permettant au taux de croissance économique d’atteindre 4,4 % en 2021 et 4,7 % en 2022. Le taux d’inflation moyen devrait se maintenir à 12 % en 2022, soit quasiment au même niveau qu’en 2021, en raison principalement de la hausse des prix des denrées alimentaires et des carburants. Une baisse du crédit net de la Banque centrale au gouvernement, rendue possible en partie par l’allocation des DTS (Droits de tirage spéciaux), et l’appréciation du franc guinéen au premier semestre 2022, ont permis d’éviter une nouvelle accélération de l’inflation en 2022 », explique-t-elle.
2023, une année inquiétante
«L’insécurité alimentaire s’est aggravée depuis début 2022, avec le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire sévère devant atteindre près de 11% de la population d’ici à la fin de l’année. À la suite de la flambée des prix internationaux, les prix locaux des engrais ont augmenté de plus de 300%. Une récolte potentiellement inférieure à la moyenne résultant d’une faible utilisation des engrais pourrait entraîner une aggravation de l’insécurité alimentaire au début de 2023 et une hausse des importations de produits alimentaires», alerte dame Clara Mira.
Pour qui, les mesures d’allègement des prix des denrées alimentaires et des carburants ont entraîné d’importants manques à gagner de recettes, environ 2,1 % du PIB en 2022. Tout de même, poursuit-elle, le développement de la digitalisation et l’amélioration du recouvrement des impôts, ainsi que d’importants paiements ponctuels au gouvernement, ont permis de combler une partie de ces manques à gagner de recettes.
Des recommandations
La mission des services du FMI a salué les efforts des autorités guinéennes de s’abstenir de tout financement additionnel par la Banque centrale. Elle a également encouragé les autorités à étendre le système de protection sociale. «À terme, l’extension du système de protection sociale devrait soutenir les efforts pour supprimer les subventions aux carburants et à l’électricité, qui drainent les ressources publiques et qui sont hautement régressives. La mission a encouragé les autorités à poursuivre leurs efforts afin de mobiliser les recettes intérieures, y compris celles du secteur minier.
La viabilité de la dette doit être préservée en maintenant une stratégie d’endettement prudente et un recours précautionneux aux financements non concessionnels», annonce le communiqué. Les services du FMI préconisent aussi à la Guinée des réformes supplémentaires pour stimuler la diversification, renforcer la gouvernance et améliorer le climat des affaires qui permettront une reprise économique plus résiliente et inclusive dans un contexte national et international difficile.
Yaya Doumbouya