«On ne choisit pas son temps, on se choisit dans son temps», dixit Jean-Paul Sartre. On pourrait bien enfiler cette belle maxime à Yala-le-Gros Lynx car il s’y sentirait tout à fait à l’aise. Il a su, depuis la restauration de la démocratie au début des années 90, choisir le camp de ceux qui, hors du pouvoir, défendent les droits humains et la vérité. Droit dans ses bottes, il n’a cure des compromis sulfureux sur fond de cupidité sordide. Il a toujours dit sa vérité, quoique cela puisse lui en coûter. N’a-t-il pas séjourné à l’Hôtel cinq étoiles de Coronthie, à deux reprises ? Mais comme dit Arthur Koestler : « L’histoire se fiche pas mal que vous vous rongiez les ongles ».
El Hadj Diallo Souleymane, alias Yala-le-Gros Lynx s’est choisi dans son temps qui, s’est imposé à lui. Il s’est fait la voix des « sans voix », le robin des bois des tropiques. Ce qui lui a valu de l’estime et surtout de la considération de ses contemporains. Et il est devenu une icône dans l’univers de la presse, en Guinée.
Personne n’a voulu laisser cette étoile disparaître du firmament et se perdre dans l’épais silencieux qui engloutit fréquemment à jamais les icônes. Le sacre à titre posthume, personne n’en a voulu pour le Gros Lynx. Alors, en cette fin d’hivernage cément, des journaleux et des journaleuses qui l’ont connu, approché et travaillé ou non avec lui, ont décidé de le grandir, le célébrer, le sanctifier. Au Chapiteau by Issa, la fête a été splendide, les témoignages poignants, pathétiques. Mais les organisateurs avaient-ils pensé un seul instant qu’au lendemain de cette grandiose cérémonie, un autre évènement heureux, historique attendrait le Gros Lynx ? Certainement pas. Il s’agit de la reconnaissance et de la récompense par l’Etat des efforts consentis durant les trente dernières années par Yala-le-Gros Lynx et ses collaborateurs disparus ou en vie. Il est élevé Grand Officier de l’Ordre national de Kolatier.
Couronnement en apothéose d’une carrière et d’une vie (presque) parfaites, réussies. Il faut, bien entendu, ôter le chapeau à ceux et celles auxquels on doit cette initiative inédite, dans notre pays. N’est-ce pas aux morts qu’on a l’habitude de rendre pareil hommage ? A titre posthume.
Yala-le-Gros Lynx, les siens et l’ensemble du personnel du Groupe de presse Lynx-Lance sont reconnaissants à tous les (con)frères et (con)sœurs qui se sont démênés comme de beaux diables pour la réussite de la fête et pour honorer la corporation. Celle-ci se joint au Grand Officier de l’Ordre National de Kolatier, sa famille et ses collaborateurs pour remercier le Colonel Doum-bouillant, Président de la Transition, le Gouvernement et le peuple de Guinée pour avoir élevé si haut l’un des leurs. Et oui ! Pour une fois, toute honte bue, Le Lynx est bien obligé de se répandre en remerciements. Une fois n’est pas coutume, quand-même ! Comme disait J. F Kennedy, le fringuant Président des Etats-Unis « la politesse n’est pas un signe de faiblesse. » Qu’on ne glose donc pas sous les charmes et dans les châteaux ! La condescendance n’est pas dans la pratique du Lynx. Merci à toutes et à tous !
Abraham Kayoko Doré