Ce mardi 22 novembre 2022 marque le 50ème anniversaire d’un événement tragique qui aura changé le destin de la Guinée et de beaucoup de Guinéens : l’agression portugaise. Pour la petite histoire, Sékou Touré était le chantre de la lutte contre la domination coloniale en Afrique et même dans tout le tiers monde. Son pays, la Guinée, servait de base arrière à plusieurs mouvements indépendantistes dont le PAIGC de la Guinée Bissau. Amilcar Cabral, numéro 1 de ce mouvement, était l’ennemi numéro un de Lisbonne.

Le Portugal organisa donc une expédition qui avait un double objectif : renverser le régime de Sékou Touré et libérer des Portugais détenus en Guinée par les combattants bissau-guinéens. L’opération fut un échec total. Et en même temps, elle radicalise Sékou Touré. Les 50 000 victimes de la Révolution mentionnées dans les différents rapports d’organisations de défense des droits de l’homme ont majoritairement été enregistrées après ces événements éprouvants pour les Guinéens. Particulièrement, les intellectuels censés remplacer le guide la révolution.

C’est après le 22 novembre que les pendaisons ont été perpétrées à Conakry. C’est aussi après ces événements que le camp Boiro est devenu le goulag tropical le plus redouté sur le continent noir. Des centaines, voire des milliers de personnes perdront leur vie. La torture fut érigée en système de gouvernance. Les enquêtes se résumaient aux aveux extorqués sous la torture. Et le tribunal populaire remplaça la justice.

Nombres d’observateurs s’accordent à dire que s’il n’y avait pas eu le 22 novembre 1970, il n’y aurait pas eu autant de victimes sous la Révolution. Cette date constitue donc un repère. Un triste souvenir pour la Guinée. Et 50 ans après, elle continue de diviser les Guinéens. Pour les uns, comme on peut le lire sur la toile aujourd’hui, c’est la date de la victoire du peuple de Guinée contre le colonialisme et le néocolonialisme. Pour les autres en revanche, c’est une date douloureuse en ce sens qu’elle marque le début d’une purge sans précédent.

A noter que jusqu’à la disparition de Sékou Touré, en mars 1984, cette date était célébrée en Guinée. Avec la nouvelle génération, elle est complétement ignorée. Seuls les livres d’histoire font revivre cette partie de l’histoire de la Guinée. A la fois glorieuse et douloureuse.

Habib Yembering Diallo