A peine les pieds au bercail, Charles Wright, le ministre de la Justice et des droits humains, a annoncé, le 20 novembre à l’Aéroport Ahmed Sékou Touré, des poursuites judiciaires contre des présumés prédateurs de fonds publics.
Requinqué à la suite d’une visite médicale de deux semaines en Allemagne, Charles Wright mettra le cap sur les mines, où ‘’foisonne la magouille : attributions frauduleuses de titres et concessions miniers, actionnariat camouflé’’, entre autres. Mais pas que cela, le secteur de la pêche sera également ciblé. Charles Wright a annoncé que plusieurs dossiers sont sur sa table, affirmant que des sanctions liées à des cas de corruption qui lui sont rapportés, tomberont sous peu. «Je n’ai aucun problème de santé a priori. Je dois me préparer à mon premier exercice de reddition des comptes devant le peuple de Guinée. Mais, sachez que sur ma table, il y a beaucoup de dossiers. Je vais m’attaquer très bientôt aux dossiers des mines, aussi à ceux du secteur de la pêche où ça ne va pas. La semaine va être beaucoup plus intense», promet-t-il.
Maintenu à son poste de ministre de la Justice et des droits humains à la faveur du mini-remaniement du 19 novembre, Charles Wright déclare que la refondation de l’Etat n’est point le fait du hasard. Que surtout, l’opération de reddition des comptes se poursuivra pour le bien-être du peuple de Guinée «qui a tellement souffert». Rappelons que le 3 novembre, le ministre a fait injonctions aux procureurs généraux de Conakry et de Kankan aux fins des poursuites judiciaires pour des faits présumés de corruption, enrichissement illicite, blanchiment d’argent, faux et usage de faux en écriture publique, détournement de deniers publics et complicité. Au total, 188 personnalités, dont l’ex-Président Alpha Condé sont visées.
Visite médicale ou repos professionnel ?
Officiellement, c’est le 6 novembre que le ministre Charles Wright s’est envolé pour l’Allemagne pour des «raisons de santé». Selon la demande d’établissement d’ordre de mission du 4 novembre qu’il a adressée au Premier ministre Bernard Goumou, Charles Wright devrait passer huit jours en Allemagne, du 6 au 13 novembre. Mais, au final, il y a passé deux semaines avant le retour au bercail, dans la soirée du 20 novembre.
«J’ai quitté il y a deux semaines pour aller faire une visite médicale en Allemagne, contrairement à ce que les gens disaient : ‘’il est parti en Espagne’’. Tout ce qui est médical est privé. Mais, lorsqu’il y a des désinformations de nature à porter une certaine psychose auprès de proches et collaborateurs, il est important de faire la précision. Cela fait presque neuf ans que je travaille sans relâche. De Macenta à Kankan, je n’ai jamais bénéficié d’une vacance judiciaire», déplore le ministre. Il rappelle avoir été Procureur général de la Cour d’Appel de Conakry, puis (actuel) ministre de la Justice et des droits humains, sans avoir le moindre repos, «avec tout ce que nous sommes en train de faire», d’où sa sollicitation au PM de faire des visites médicales. Où vacance judiciaire déguisée ?
Cacophonie autour du pays d’accueil
Sur la demande d’établissement de l’ordre de mission rédigée par sa Secrétaire générale, signée par Charles Wright, l’on voulait un ordre «sans frais». Celui-ci annonçait le ministre en Espagne pour des raisons de santé.
Etant grippé, le jeudi 3 novembre, à deux jours de son départ pour l’étranger, Charles Wright n’a pas pu assister au Conseil des ministres. Alors, il indique avoir demandé à sa Secrétaire générale, d’écrire au Premier ministre, conformément à la procédure, afin d’obtenir un ordre de mission. «Puisqu’elle était dans la même logique dans d’autres courriers à adresser à l’Ambassade d’Espagne au nom du département de la Justice, une erreur s’est glissée. Elle a mis Espagne à la place d’Allemagne. Lorsque j’ai reçu l’ordre de mission, j’ai vu que c’est écrit Espagne. J’ai appelé le ministre Secrétaire général du gouvernement pour lui dire que je ne vais pas en Espagne mais plutôt en Allemagne. Mon ordre de mission a été corrigé. Malheureusement, on ne sait pas comment les gens ont pu photographier l’ordre de mission à la Primature pour le balancer sur la place publique», regrette-t-il. Et de condamner la désinformation.
Yaya Doumbouya