Mardi 22 novembre, 22ème jour du procès du massacre du 28 septembre 2009. Claude Pivi alias Coplan, ancien ministre de la Sécurité présidentielle, poursuivi, entre autres, pour « coups et blessures volontaires, viols, pillages en réunion ou en bande, incendie volontaire », a comparu devant le tribunal criminel de Dixinn délocalisé à Kaloum. Il rejette en bloc les faits qui lui sont reprochés. « Le 28 septembre 2009, très tôt le matin vers 6h, j’avais une mission du Président Moussa Dadis pour aller vers Coyah traquer des bandits, des militaires qui avaient volé des véhicules au camp. Je suis allé là-bas avec mes hommes. Mais c’était trop tard, les bandits avaient quitté. »
Rebroussant chemin, il dit avoir trouvé vers 9h à Cosa et Bambéto beaucoup de monde. « J’ai entendu des murmures à propos de militaires allés au stade pour tuer des gens, poursuit l’accusé. Je suis allé au camp pour rendre compte au Président Dadis. Je lui ai demandé qui a envoyé des militaires au stade. Il a répondu qu’il n’en sait rien. Je ne suis pas sorti du camp. Je suis allé me reposer jusqu’à 20h. A mon réveil, après avoir allumé la télé, j’ai vu que des gens ont été tués au stade. J’ai demandé qui a donné l’ordre d’envoyer des militaires au stade pour tuer des gens. C’est ainsi j’ai dit que c’est une mauvaise image pour notre pouvoir. Notre pouvoir est gâté. »
Claude Pivi raconte avoir réclamé l’interpellation des militaires auteurs des tueries au Stade du 28 septembre. « Un jour dans la chambre du Président, j’ai demandé à ce qu’on arrête d’abord Toumba mais le président Dadis est intervenu pour dire qu’il y a une enquête internationale en cours. J’ai claqué la porte pour aller chez moi. Mais en sortant au salon, j’ai dit aux éléments qui étaient là que tous les militaires qui étaient au stade seront arrêtés pour clarifier cette situation. Je n’ai pas été au stade la journée, je n’ai pas été au stade la nuit », persiste l’ancien ministre chargé de la Sécurité présidentielle sous l’ère Moussa Dadis Camara.
A propos de Kaléah
Pivi nie avoir participé au recrutement de Kaléah, Claude, dit qu’il n’y a jamais été pendant cette période. N’aviez-vous pas 500 personnes sous votre contrôle ? demande le procureur. L’accusé répond par la négative. Ce n’est qu’en 2010, sous le règne de Sékouba Konaté, qu’il se serait rendu dans ce camp (situé à Forécariah) pour, dit-il, calmer les jeunes recrues en colère.
Même qu’il n’était qu’un ministre de fait, sans réelle autorité sur la troupe. « J’ai sous mon commandement trois sections, une troupe de combat et des détachements du BATA, de l’artillerie. Le salon du président Dadis ne relevait pas de moi. Je n’étais pas écouté, je ne les commandais pas ».
Dans ses explications, Claude Pivi laisse comprendre le désordre qui régnait non seulement au sein de l’armée mais aussi au cœur du pouvoir. Le procès continue avec les questions du procureur. L’accusé continue de nier les déclarations dans les PV des parties civiles qui affirment qu’ils l’ont vu à Koloma, Bambéto où lui et ses hommes ont pillé des boutiques et des magasins. Et qu’il a été aperçu au stade avec ses hommes. Pivi remet en cause les déclarations de Toumba Diakité selon lesquelles il aurait exécuté sommairement ou emprisonné des personnes au camp Alpha Yaya Diallo (siège de la présidence sous Dadis). Il n’aurait pas non plus été vers le Stade du 28 septembre le jour du massacre, encore moins pillé une boutique.
Ibn Adama