C’est la plus longue audition d’un accusé dans cette affaire, après celle de Toumba Diakité qui a été interrogé durant sept journées. Ce mercredi 30 novembre, l’ancien ministre en charge de la Sécurité présidentielle sous Moussa Dadis est à sa cinquième journée. Claude Pivi est poursuivi pour « coups et blessures volontaires, viols, pillages en réunion ou en bande, incendies volontaires, meurtres, tortures, non-assistance à personnes en danger et complicité. » Des faits pour lesquels l’accusé plaide non-coupable. Jusque-là, il s’est employé à charger Aboubacar Sidiki Diakité dit Toumba qui l’a précédé à la barre. Il remet en cause toutes les déclarations de ce dernier, y compris celles relatives aux circonstances de la prise du pouvoir par le CNDD, à la mort, en décembre 2008, de l’ancien président Lansana Conté.

Après avoir répondu aux questions à décharge des avocats de la défense, la veille, il fait face ce mercredi à celles du parquet qui est revenu à la charge. « Je ne reviendrai pas sur tout ce que vous avez déclaré et qui a été consigné au plumitif. Je reviens juste sur la date du 28 septembre 2009, à 14h28 précises. Où étiez-vous en ce moment ? » questionne le procureur Alghassimou Diallo. « J’étais dans l’enceinte du camp », répond Claude Pivi. Se voulant plus précis, le procureur lui demande s’il avait appris que la pharmacie du CHU Donka a été pillée à cette date et à cette heure-là. L’accusé répond par la négative.

Alghassimou Diallo insiste en déclarant que l’un des deux pick-ups qui accompagnaient Claude Pivi, de couleur verte, avait été endommagé. Et qu’à 14h28, ce pick-up était stationné à Donka pendant que ses occupants pillaient la pharmacie. « Je maintiens n’avoir pas été à Hamdallaye ce jour », répond l’accusé qui rejette les accusations portées contre lui. « Le moment venu, nous nous chargerons de vous dire ce que chacun de vous a fait », martèle le procureur Alghassimou Diallo. 

Pivi accuse Toumba d’avoir comploté contre Dadis

Après le parquet, les avocats de la partie civile a repris la parole pour poser des questions de réplique à l’accusé dont l’audition risque de se prolonger. Me Alpha Amadou DS Bah ramène l’accusé sur une de ses déclarations antérieures selon laquelle un complot était ourdi contre Moussa Dadis Camara. Lors d’un voyage de ce dernier à Labé, en Moyenne Guinée, la veille du massacre, son chauffeur a mis de l’essence dans le réservoir au lieu de Diesel. Pour Pivi, l’acte était prémédité. L’avocat de demander qui étaient les comploteurs et les commanditaires ? « Les commanditaires, c’était le commandant Toumba et ses acolytes dont Beugré », répond-il.

A rappeler que « Beugré » (Mohamed 2 Camara), ancien commandant du camp Koundara (théâtre de l’affrontement entre Dadis et Toumba le 3 décembre 2009) fut arrêté, ligoté avant de mourir dans des circonstances obscures. Toumba Diakité a déclaré qu’il a été exécuté par Pivi, tout comme d’autres comme l’ancien chauffeur du chef de la junte Sankaran Kaba. Il leur aurait été reproché de n’avoir pas fait assez pour protéger Dadis contre la balle que Toumba lui a logée dans la tête. Des accusations rejetées par Pivi qui soutient que « Beugré » s’est suicidé en détention.

Me Amadou DS Bah a révélé que Claude Pivi a été interrogé au téléphone par les gendarmes enquêteurs. La raison était-il parce qu’ils vous craignaient, interroge l’avocat. « Je n’ai pas de réponse pour ça », réagit l’accusé, le ton ferme.

Diawo Labboyah