Rien ne va plus entre le Premier ministre et son ministre des Infrastructures et des Transports. Bernard Goumou a suspendu Yaya Sow et sept de ses cadres de leurs fonctions pour, dit-il, des « faits graves » qu’ils auraient commis au sein de ce département. Des accusations que le ministre rejette avec force.

C’est une histoire qui tient en haleine les travailleurs du ministère des Infrastructures et des Transports et l’opinion publique. Plusieurs hauts cadres du département : le ministre Yaya Sow, le secrétaire général, Patrice Toupou, le chef de cabinet, Cheick Ahmed Tidiane Camara, le conseiller principal, Demba Kourouma, le conseiller juridique, Rodrigue Georges Loua, le directeur général du Fonds d’Entretien Routier (FER), Aly Condé, le directeur national de l’entretien routier, Sâa Yolande Camara, le responsable des marchés publics, Bangaly Kourouma, sont englués dans une affaire de partage de marchés du curage des caniveaux de Conakry. Le PM les soupçonne de se partager ces marchés, à travers des sociétés écrans, pour empocher pas moins de 16 milliards de francs guinéens. Il a donc décidé de les éloigner du département, en attendant la fin des enquêtes. La gestion des affaires courantes est confiée au ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat.

Mais Yaya Sow ne l’entend pas de cette oreille, il accuse Saa Yolande Camara, directeur national de l’entretien routier, qu’il avait suspendu à un moment, de manœuvrer avec Bernard Goumou pour l’évincer. Chez nos confrères de Guineenews.org, le ministre a même révélé que le PM l’a obligé de remettre en fonction Saa Yolande : « Je suis serein. Le Premier Ministre me suspend par un arrêté, alors que je suis nommé par un décret présidentiel. Moi, c’est le vendredi que j’ai appris que le Secrétaire général, Patrice Toupou ; a organisé une réunion dans son bureau, qui a été enregistrée, à l’insu des participants. Ont participé à cette réunion, le secrétaire général, le directeur national de l’entretien routier [DNER] que j’avais suspendu et que le Premier ministre m’avait obligé à faire ramener, le directeur du Fonds d’Entretien Routier. Au cours de cette réunion, ils ont parlé de partage de marchés. Mais, je n’étais pas à cette réunion, le chef de cabinet non plus, ni le conseiller principal. Maintenant, au lieu de suspendre Patrice Toupou et Saa Yolande Camara qui sont impliqués dans cette histoire, on crée l’amalgame en mettant tout le monde ».

Selon le ministre suspendu, Saa Yolande n’a toujours pas digéré sa suspension, il chercherait à tout prix à se venger : « Nous n’avons pas assisté à cette réunion, c’est l’un d’entre eux qui a enregistré, donc c’est entre eux. Quand j’avais suspendu Saa Yolande, le Premier ministre n’était pas content. Il avait tout fait pour que je le remette à son poste, alors qu’il avait commis une faute grave. Donc, il était en sursis, et j’ai appris que c’est lui qui enregistrait les autres. Il a plein de sociétés. Et Saa est revenu, après sa suspension, pour se venger. C’est donc un complot, en disant dans l’audio que le ministre a demandé ça, alors qu’il n’en est rien. C’est juste que Saa voulait se venger de moi, et le Premier ministre l’a accompagné dans ce projet. Je n’ai jamais interféré dans un marché. J’ai résilié ici un marché de KPC !  En plus, j’ai une pension de retraite de fonctionnaire international de 11 000 dollars par mois ». Et toc ! La justice nous édifiera. Peut-être !

Yacine Diallo