La capitale guinéenne n’a que deux entrées et sorties terrestres. Direction Kindia à l’Est et Boké au Nord. Cela n’est pas sans causer un terrible embouteillage à tout moment de la journée et de la nuit. C’est aussi la raison pour laquelle les pouvoirs publics se sont rendu compte de l’impératif de construire des ouvrages adaptés au besoin de la population.

Seulement voilà, comme s’il y avait péril en la demeure, les autorités entament des travaux sur les deux axes routiers en même. Rendant la circulation un véritable casse-tête. Aujourd’hui celui qui sort ou qui entre à Conakry se demande par où passer entre Kagbélen et le KM 36. Parce que le choix entre les deux endroits opter pour la peste ou le choléra.

A observer ce qui se passe sur le terrain, on a l’impression d’être confronté à deux choses : le mépris des autorités vis-à-vis de la population ou leur amateurisme avéré. Sinon, comment expliquer que de tels travaux soient entamés avant la réalisation des voies de dégagements devant garantir la fluidité de  la circulation ? Pendant près de deux ans maintenant, les usagers sont obligés de se frayer leur proche chemin. Selon certaines informations, c’est à l’évènement du CNRD que les nouvelles autorités ont exigé la réalisation de ces travaux qui étaient bel et bien prévus au départ mais annulés par l’ancien régime.

C’est donc au moment où les travaux du pont de Kagbélen, qu’on appelle à tort l’échangeur, ont été réalisés à près de 80% que ceux de déviation ont démarré. Pour caricaturer ce qui se passe à Kagbélen, c’est comme si vous cherchez une trotteuse pour bébé destinée à votre enfant de 5 ans. Quand le pont sera fini, ces routes n’auront plus de grande utilité comme si elles avaient été réalisées avant le démarrage des travaux du pont.

En outre, pour ceux qui passent par Kagbélen, nul besoin d’être un expert ou ingénieur pour savoir que cet ouvrage est plus neuf que celui dont la maquette avait été présentée aux Guinéens. Dans quelques années, les autorités n’auront pas le choix de démolir cet édifice pour construire un autre plus moderne et plus adapté.

Désormais un mur de plus de 10 mètres de hauteur sépare les riverains. Même s’il y a coup de feu d’un côté l’autre ne l’entend pas. Les voisins sont coupés les uns des autres. C’est plus que l’ancien mur de Berlin, ironise un riverain indigné contre ce qu’il qualifie d’amateurisme et d’incompétence du ministère en charges des travaux publics et des infrastructures.

Malgré tout, à défaut de l’agréable, les usagers réclament l’utile. Apparemment la nomination d’un nouveau ministre à la tête de ce département a réveillé les cadres du ministère et leurs partenaires chinois. Les travaux ont repris sur le terrain. Pour combien de temps encore ?

On se souvient qu’à l’avènement du CNRD, l’ancien ministre, récemment limogé, avait présenté les excuses du nouveau gouvernement à la population pour le mauvais état de nos routes. Ce beau discours augurait des lendemains meilleurs pour les Guinéens. Malheureusement les discours éphoriques et émotionnels n’engagent que ceux qui y croient.

Il faut tout de même espérer que le nouveau ministre mettra tout son poids dans la balance pour achever ces travaux dans les meilleurs délais. Afin de libérer Conakry qui reste pour le moment prisonnière de son ministère.        

Habib Yembering Diallo