En Afrique du Sud, le président Ramaphosa aura finalement échappé mardi 13 décembre à l’ouverture d’une procédure de destitution. L’Assemblée nationale votait, au Cap, pour se prononcer sur un rapport indépendant qui soupçonne le président d’avoir pu commettre des actes violant la loi. Cyril Ramaphosa est empêtré dans une affaire de vol d’au moins 580 000 dollars au sein de sa ferme de « Phala Phala » en 2020, et est accusé d’avoir dissimulé le cambriolage aux autorités. Mais les députés de l’ANC ont finalement décidé d’accorder leur confiance au président.
Ils sont 214 à s’être prononcés pour un rejet de ce rapport parlementaire, contre 148, et 2 abstentions, a annoncé la présidente de l’Assemblée, Nosiviwe Mapisa-Nqakula. La quasi-totalité des députés de l’ANC, majoritaires à l’Assemblée nationale, a donc choisi de suivre la ligne du parti et de faire barrage à l’ouverture d’une procédure de destitution.
Malgré un vote public sans bulletin secret, un choix qu’ont dénoncé de nombreux représentants de l’opposition, 4 membres « rebelles » de l’ANC ont affiché leur désaccord en votant pour, avec à leur tête la ministre des Affaires traditionnelles, Nkosazana Dlamini-Zuma, farouche opposante à Cyril Ramaphosa. D’autres adversaires du chef de l’État, comme Zweli Mkhize qui se présente contre lui lors des élections internes à venir, ou encore la ministre Lindiwe Sisulu, ont brillé par leur absence.
Mais alors que Cyril Ramaphosa avait été élu sur des promesses d’éradication de la corruption au sommet de l’État, l’opposition, et notamment le chef de l’Alliance Démocratique (DA) John Steenhuisen, n’ont pas manqué, lors du débat précédent le vote, de faire le rapprochement avec son prédécesseur : « Avant, c’était le président Jacob Zuma. Maintenant, c’est le président Cyril Ramaphosa. Mais c’est exactement le même mode opératoire : tant qu’on est en nombre au Parlement, on peut faire disparaître n’importe quel scandale ».
Du côté de l’ANC, le ministre de la Justice Ronald Lamola a, lui, dénoncé le manque de solidité de ce rapport rédigé par trois juristes. « Il faut qu’il y ait des preuves et il faut qu’elles soient concrètes. Il ne doit y avoir aucun doute sur la qualité et le nombre suffisant de preuves pour lancer cette procédure de destitution. Et ce n’est pas le cas ici », conclut-il.
C’est donc une bataille gagnée pour le président qui est parvenu à rassembler ses troupes. Mais il devra encore surmonter les divisions pour être réélu en tant que chef de l’ANC et regagner ainsi la confiance des Sud-Africains s’il veut mener le parti vers les élections générales de 2024.
A quelque chose, malheur est bon. La survie du pouvoir de Ramaphosa indique en quelque sorte, une certaine maturité de la démocratie sud-africaine en général, la capacité de l’ANC à assurer la continuité de gouverner. Une destitution de Ramaphosa « aurait prouvé » que l’ANC, bien que fondé depuis 1912, a de sérieux problèmes de gérer une majorité parlementaire, si tous ses présidents finissent leur carrière politique dans la destitution. L’on se rappelle encore le cas de Thaabo M’Béki et de Jacob Zuma.
Avec l’AFP