Incarcérés à l’hôtel cinq étoiles de Coronthie depuis début août dernier, Oumar Sylla alias Foniké Menguè et Ibrahima Diallo continuent d’être un casse-tête pour la junte militaire. Des organismes proches de l’ONU demandent des explications au Président de la transition sur la détention prolongée des deux responsables du FNDC.
Foniké Menguè et Ibrahima Diallo, respectivement coordinateur national et responsable des Opérations du Front national pour la défense de la Constition (FNDC), sont en détention pour leur opposition à la « gestion unilatérale » de la transition. Ils ont dépassé les quatre mois dans les geôles du CNRD, sans aucune forme de procès. Leurs avocats ont beau dénoncé, mis la pression sur la justice, ils n’arrivent pas à obtenir une date pour le début de leur procès. Cette situation commence à exacerber au-delà des frontières guinéennes. Des organismes de l’ONU : la Rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l’homme, le Groupe de travail sur la détention arbitraire, la Rapporteuse spéciale sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression et le Rapporteur spécial sur le droit de réunion pacifique et la liberté d’association, expriment leur préoccupation vis-à-vis des autorités de la transition sur des informations faisant état « d’arrestations arbitraires » des deux activistes et la dissolution « sans fondement » du FNDC.
Ces structures demandent au colonel Doumbouya de leur « fournir toute information ou tout commentaire complémentaire en relation avec les allégations susmentionnées. Des informations sur les motifs juridiques justifiant l’arrestation et la détention des MM. Sylla et Diallo, ainsi que les motifs factuels justifiant les accusations portées contre eux ». Ils veulent aussi des informations sur « les mesures prises et les garanties adoptées par les autorités afin de permettre aux défenseurs de droits humains d’exercer leurs droits légitimes à la liberté d’expression, de manifestation pacifique et d’association, et mener à bien leur travail légitime librement et dans un environnement sûr et favorable, sans actes d’intimidation et de harcèlement de quelle que sorte que ce soit, en Guinée ».
Sur les conditions de détention de Foniké Menguè, d’Ibrahima Diallo et Cie, ces organismes cherchent des informations détaillées sur les mesures prises pour assurer « les garanties fondamentales accordées aux individus en détention, et spécifiquement à MM. Sylla et Diallo, notamment le droit à être assisté par un avocat de son choix, le droit de contacter ses proches, l’accès régulier à l’eau et à la nourriture et des conditions sanitaires acceptables pour tous les détenus. Veuillez indiquer en quoi ces mesures sont compatibles avec les obligations internationales du Gouvernement de votre Excellence en matière de droits humains ».
Le 10 août dernier, le goubernement de la transition a dissout le FNDC. Il l’accusait d’utiliser comme mode opératoire « des actions violentes au cours de manifestations interdites, d’attaquer des individus qui ne partagent pas leur idéologie ». Des justifications qui ne convainquent pas les demandeurs. Ils veulent en savoir davantage : « Veuillez préciser les motifs juridiques justifiant la dissolution du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) et indiquer en quoi cette procédure est compatible avec les obligations internationales du Gouvernement de votre Excellence en matière de droits humains ». Ils attendant une réponse de la part des autorités de la transition dans un délai de 60 jours.
Au moment où nous écrivions ces lignes, la junte militaire guinéenne n’avait pas encore réagi.
Yacine Diallo