Mercredi 21 décembre, 32ème jour du procès du massacre du 28 septembre 2009. Sixième jour de comparution du capitaine Moussa Dadis Camara au tribunal de Dixinn délocalisé à Kaloum. La partie civile continue à poser des questions à l’accusé mais les réponses sont presque les mêmes. Pour Dadis Camara, l’accusé parfait est Aboubacar Diakité alias Toumba. Puisqu’il dit qu’à sa connaissance, c’est seulement celui-ci qui est allé au stade pour commettre les crimes, et que son complice est le général Sékouba Konaté.
Dans une logique d’impliquer le général Sékouba Konaté, Me Hamidou Barry, de la partie civile, a repris une déclaration de Toumba Diakité qui avait dit que les hommes de Sékouba Konaté étaient en mouvement. Que signifie « les hommes en mouvement? » Une question qui a enchanté Moussa Dadis qui a expliqué que « quand un militaire est en mouvement, c’est qu’il est armé et que les hommes de Sékouba habitaient dans les quartiers. Ils n’ont jamais été casernés. Qu’est-ce que ces hommes faisaient dans la rue ? » interroge-t-il. L’avocat a même précisé qu’il y a un témoin qui viendra dire à la barre qu’il a vu les hommes de Sékouba Konaté aller au stade. Il poursuit qu’en 2017, il a introduit une plainte contre Sékouba Konaté et qu’il a été menacé.
Du massacre au stade
Après la parenthèse Sékouba, Maître Thierno Souleymane Barry est revenu sur les événements du 28 septembre. Il a voulu savoir si Dadis était au courant que les leaders avaient écrit une lettre d’information le 23 septembre 2009, pour annoncer le meeting au stade. L’accusé répond par un oui mais dit que la lettre ne lui était pas parvenue directement.
Vous aviez fait passer un communiqué sur que vous vouliez faire ? questionne l’avocat. Dadis Camara rappelle qu’il voulait organiser une journée de pardon entre les fils du pays. Et Maître Thierno Soumleymane Barry de rétorquer qu’en lieu et place, il y a eu un carnage.
Vous maintenez que vous n’avez pas tenu une réunion ne serait-ce que pour prendre des dispositions ? demande l’avocat. Dadis répond : « Bien avant mon voyage pour Labé, le Premier ministre, les religieux et les sages avaient rencontré le porte-parole des Forces vives à l’époque, pour reporter la manifestation. C’est à mon retour de Labé que j’ai appris que la manifestation devait avoir lieu. J’ai pris des dispositions, mais elles n’ont pas été respectées. » Avait-il donné des ordres à Moussa Tiegboro Camara pour aller sauver les leaders ? D’un ton ferme, Dadis a répondu : « Non, non et non ». Il n’aurait « donné d’ordre à personne. Que cela soit clair ! »
Mais vous avez donné des ordres à Tiegboro d’envoyer les leaders blessés à l’hôpital pour qu’ils soient soignés, reprend l’avocat. A cette question, Dadis répond par l’affirmative, et dit que c’était d’enlever les leaders au camp Samory et la gendarmerie, pour les envoyer à la clinique Pasteur, pour ne pas que quelque chose leur arrive.
Pourquoi vous n’avez pas étendu cette générosité au bas peuple ? «Le ministre de la Santé était venu me voir, on a débloqué de l’argent pour soigner les blessés au même moment que les leaders ». Par rapport aux recrues de Kaléya, Moussa Dadis réitère qu’il n’en sait rien. Cette tâche aurait été confiée à Sékouba Konaté, même s’il avait donné l’ordre de faire le recrutement dans les 4 régions naturelles du pays. Le procès a été renvoyé au 9 janvier 2023.
Ibn Adama