La Justice. Cette boussole qui guide la transition du Colonel Mamadi Doum-bouillant tourne à plein régime. L’ex prési de la Cour constitutionnelle, Mohamed Lamine Bangoureur a été interpellé et placé sous contrôle judiciaire par la Chambre d’instruction de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF). Dans la soirée du jeudi 15 décembre, il a été déposé à l’Hôtel cinq étoiles de Coronthie. Il y rencontrera des anciens dignitaires du régime d’Alpha Grimpeur comme Ibrahima Cas-Sorry Fofana, Mohamed Diané, Amadou Dama-ronron Camara.

En juillet passé, Alphonse Charles Wright, ministre de la Justice, a ordonné au pro-crieur  général près la Cour d’Appel de Cona-cris d’enclencher des poursuites judiciaires contre le successeur de feu Kéléfa Sall à la Cour Constitutionnelle. Il est soupçonné de faits présumés de corruption, de détournement de deniers publics, d’enrichissement illicite, de faux en écriture et de parjure. Depuis, la justice est à ses trousses.

Parmi les faits de détournements, il est accusé de s’être offert un immeuble R+4, objet du titre foncier N°1647/NGA du lot 4 Dakar, au Sénégal pour un montant de quatre cent quatre millions de francs CFA et une villa estimée à cinq milliards de francs glissants au quartier Nongo (dans la commune de Ratoma) et des domaines à Wonkifong, dans le buisson de Coyah alors que son salaire mensuel était de cent quarante-cinq millions GNF. Où aurait-il trouvé tout ce pognon ? C’est la grosse question que se posent bien des Guinéens. La CRIEF, Cour de répression des infractions économiques et financières, compte bien mettre la lumière dans cette affaire.

Dans de beaux draps, le Bangoureur a répondu à plusieurs convocations de l’Office de répression des délits économiques et financiers. Homme fort qui a validé en 2020 le troisième mandat anticonstitutionnel du Prési Grimpeur, sa juridiction a été dissoute après le Coup d’éclat qui a déposé Alpha Grimpeur du pouvoir, le 5 septembre 2021. Plus d’un an après, le voilà désormais derrière les barreaux, en attendant sa comparution devant les juges.

Le prix du 3ème mandat

Face au refus de Kéléfa Sall, ancien prési de la Cour Constitutionnelle, de signer pour le 3ème mandat, Alpha Grimpeur a fait recours à toutes les ressources dont il disposait pour l’évincer. Remplacé par Mohamed Lamine Bangoura, Kéléfa Sall meurt quelques mois après. En septembre 2020, Mohamed Lamine Bangoureur valide la candidature du Grimpeur, avec des acrobaties judiciaires, pour justifier le 3ème mandat, malgré les multiples protestations ayant secoué le bled plusieurs mois durant, après un référen-drôle constitutionnel via un en mars 2020. Le samedi 7 novembre 2020, les juges de la Cour constitutionnelle du Bangoureur ont statué sur les résul-tares de la sélection présidentielle proclamant Alpha Grimpeur, définitivement élu pour un 3è mandat de six ans, renouvelable.

Avec sa détention, Mohamed Lamine Bangoura n’a-t-il pas commencé à payer les frais de sa validation du 3è mandat ?  L’ancien prési de la Cour Constitutionnelle n’est pas le seul à être dans le collimateur de Dame Thémis. Sept autres conseillés de l’institution dissoute sont aussi pointés du doigt. D’aucuns soutiennent que plusieurs d’entre eux auraient déjà pris la tangente.

Abdoulaye Pellel Bah