Durant la décennie écoulée, beaucoup d’hommes politiques ou plutôt hommes caméléons se sont fait une place au soleil grâce à Cellou Dalein Diallo. Ce, malgré lui. Sous le règne du pro-fossoyeur, il fallait tout simplement savoir insulter Cellou pour bénéficier d’un décret. Les opposants le matin et partisans le soir l’avaient bien compris. Cellou a été pour eux « ce loup » dont ils ont fait chanter leur bienfaiteur.

Avec la chute de l’ancien opposident, on croyait que celui qui l’a empêché de dormir pendant onze ans pourrait connaitre une trêve. C’était sans savoir que tout est lié. L’enjeu reste le même, le fauteuil présidentiel.

Cellou Dalein Diallo est encore au centre des débats. Et cette fois, au procès de la tragédie du 28 septembre 2009. Le nom de celui qui a perturbé le sommeil de nos chefs qui se sont succédé ces dernières années revient sans cesse. Comme une obsession. Comme si blanchir Cellou peut blanchir les accusés, ces derniers ne tarissent pas d’éloges à l’égard du leader de l’UFDG. Reste à savoir si celui-ci se complait à l’éloge: « Un érudit qui ne ment pas ».

Aboubacar Sidiki Diakité dit Toumba avait évoqué le nom de Cellou Dalein Diallo tant au début du procès. Et c’est le principal concerné au procès qui revient largement sur «la trahison » dont Cellou et lui sont victimes. Dans le Dadis Show devenu désormais le Dadis chaud, le bouillant capitaine a indiqué que les événements du 28 septembre 2009 avaient pour objectif de l’éjecter du fauteuil présidentiel et de fil à aiguille installer le pro-fossoyeur.

Des retombées politiques pour Cellou Dalein ?

Cellou Dalein pourrait-il récolter le bénéfice politique des révélations de Dadis ? Les déclarations du capitaine tomberont sûrement dans certaines oreilles comme parole d’Evangile. Particulièrement en Guinée-Forestière où sa popularité demeure intacte. Dans cette partie de la Guinée, on a toujours cru dur comme fer que le fils du terroir est victime d’un complot. Le principal concerné a dit à la barre ce qui se raconte dans les cafés, plus rien ne va ébranler la conviction de ses admirateurs. Quelle que soit l’issue du procès.

La trahison, un couteau à double tranchant

La sagesse populaire recommande de limiter la profondeur du fossé de la trahison, nul ne sait qui tombera dedans. Si la thèse et l’hypothèse de Dadis se confirment, ceux qui l’ont trahi auront certes goûté au fruit de leur trahison. Le fossé qu’ils ont creusé et dans lequel ils se trouvent aujourd’hui est si profond qu’il risque de devenir leur tombe. Sékouba Konaté s’est rempli les poches en un temps record. Mais depuis son départ du pouvoir, il erre dans la nature comme un vulgaire aventurier à la recherche de la pitance.

La trahison dont parle Dadis n’est pas l’œuvre du seul duo Konaté et Condé. La fameuse communauté internationale, qui voulait installer son homme à Sékhoutoureya par tous les moyens, a, elle aussi, joué un rôle clé dans cette trahison. En réalité, ce fut un jeu de dupes. Si Dadis s’estime trahi, autant Konaté n’en fait pas moins. Ce dernier a été roulé dans la farine par la communauté internationale. Laquelle lui fit miroiter un poste, le mirage du commandement de la Force africaine en attente. Alors qu’en réalité l’attente est celle de rester à Paris pour permettre au pro-fossoyeur de régner à Conakry.

Quant à ce dernier, il a régné d’une main de fer, mais la fin de ce règne est des plus amers. Le vieil homme commence sa vie politique en exil. Il termine sa vie en cavale. Durant sa première traversée du désert, il incarnait la lutte pour la démocratie et la gestion orthodoxe des biens publics. Aujourd’hui, il est perçu comme l’un des plus fossoyeurs de la démocratie en Afrique et un prédateur de l’économie de son pays.

Venir en Guinée de Lansana Conté était plus facile pour Alpha Condé que revenir sous l’ère Mamadi Doumbouya. Entre la vie de l’opposant et celle du président, beaucoup d’eau a coulé sous le pont. Ange hier, démon aujourd’hui.

Sans être dans leurs secrets, il est fort à parier que si c’était à refaire, les deux prédécesseurs de l’actuel locataire du Palais Mohammed V, auraient réfléchi mille fois avant de prendre le pouvoir. Pour l’ancien refugié à Paris et nouvel exilé à Ankara, errer dans la nature est une habitude. Ce n’est pas le cas pour El Tigre. Paris n’est rien d’autre qu’une prison pour un Tigre.

Habib Yembering Diallo