Ce 20 décembre, le procès sur le massacre du 28 septembre 2009 a repris au tribunal criminel de Dixinn, délocalisé à Kaloum. Accusé de complicité de meurtre, assassinat, viol, pillages, entre autres, l’ancien putschiste, Moussa Dadis Camara, considère toujours son aide de camp, Aboubacar Sidiki Diakité alias Toumba, comme le principal responsable du massacre de 2009.
Aux multiples questions de la partie civile, l’accusé refuse simplement de répondre. Il se contente de dire : « Je ne réponds pas. Comme vous pouvez imaginer. Cela n’engage que vous. Je n’en sais rien. C’est Toumba ».
Me Alpha Amadou DS Bah, de la partie civile, demande quand est-ce que Dadis s’est rendu compte qu’un complot est fomenté contre lui. «C’est après les exactions au stade que j’ai compris qu’il y a un complot ourdi par Alpha Condé, Sékouba Konaté et Toumba », déclare l’ancien Président de Transition, sous le CNDD. Dadis a brandi un support USB qu’il suppose contenir des éléments du complot. Même que le moment venu, le tribunal prendra connaissance de son contenu.
Dadis pique encore une colère face à la question de Me Alpha Amadou DS Bah qui veut savoir s’il a envoyé la garde présidentielle pour réprimer le meeting au stade. Dadis clame : « Je ne réponds plus à votre question. » « Pourquoi avoir soutenu Alpha Condé en 2010 ? » interroge l’avocat. « Vous avez la peur au ventre. Vous ne voulez pas dire la vérité au peuple de Guinée. Je ne suis pas un maudit, loin de là. J’ai soutenu Alpha Condé pour ne pas créer de la zizanie en Guinée Forestière », répond l’ancien putschiste. L’avocat enchaîne : « Pourquoi vous avez soutenu Alpha Condé en 2015 ? « Mes parents étaient dans une grande souffrance, il y avait des conflits communautaires entre Guerzés et Koniankés. Il faisait des fausses promesses. Je l’ai soutenu à cause de ma communauté ».
« Dans la lutte contre la gabegie financière, vous faisiez des discours creux…», balance l’avocat de la partie civile. Il n’en fallait pas plus. Dadis s’est encore déchaîné, avec le gestuel habituel et des cris agaçants : « Vous n’êtes pas un bon avocat, parce que vous me manquez de respect. Si on vous a donné de l’argent, pour simplement… »
Le juge Ibrahima Sory 2 Tounkara de recadrer l’accusé, que l’avocat de la partie civile n’a rien dit de mal. «Dire un discours creux ne veut rien dire, ce n’est pas une injure ». Et le juge l’exhorte à éviter les commentaires, de ne donner que des réponses.
Yaya Doumbouya