La vingtaine, Sadio Bailo Diallo, a trouvé la mort le 25 novembre dernier, dans les mains de son petit ami gendarme, dans une clinique. La tentative de la faire avorter aura mal tourné. Couturière de profession, la victime était financée à un autre homme. La jeune femme avait fugué en s’étant aperçue qu’elle est enceinte.

Selon la tante de la victime, le gendarme a déposé le corps de la fille à la morgue d’Ignace Denn, avant d’informer sa famille avec un numéro injoignable, et de prendre la poudre d’escampette. « Sadjo Béla Diallo sortait avec un jeune gendarme. Personnellement, je n’étais pas au courant de leur relation. C’est après son décès que j’ai tout compris. Sadjo était fiancée à un autre homme, son mariage était même prévu le 15 janvier 2023. Mais ces derniers temps, elle se plaignait souvent des maux de ventre. Son fiancé l’a emmenée à l’hôpital pour faire une échographie, les résultats ont indiqué qu’elle était enceinte de deux mois. Son fiancé est venu nous informer. On lui a demandé qui est l’auteur de la grossesse, elle a donné le nom du jeune gendarme ».

La tante de poursuivre : « Le 22 novembre dernier, vers 20 heures, Sadio voulait sortir, sa maman lui a demandé où est-ce qu’elle partait ? Elle a répondu : je vais aux toilettes. Sa maman l’a suivie, parce qu’elle n’y croyait pas. Effectivement, elle l’a vu partir vers le goudron. Sa maman l’interpelle, « tu pars où » ? Dès qu’elle a entendu la voix de sa maman, elle a couru. Sa maman ne l’a pas suivi. Depuis ce jour, elle n’est plus rentrée à la maison. Quand on appelle son téléphone, elle ne répond pas. Dans la soirée du 25 novembre, un monsieur a appelé une de ses copines, pour nous informer que Sadjo Béla est malade et qu’elle serait aux urgences de Ignace Denn. Cette dernière a appelé sa jeune sœur pour l’informer. Sa sœur a contacté le numéro du monsieur, qui a informé sa copine de la maladie de sa sœur, mais le numéro était injoignable. Sa sœur et son fiancé se sont rendu à l’hôpital pour vérifier, à leur grande surprise, ils ont trouvé le corps de Sadjo » a expliqué la tante de la victime.

Comment le corps est-il parvenu à la morge ? Réponses responsables des morgues : « Ce sont deux jeunes qui ont déposé le corps et que l’un a confié que c’est sa femme et un médecin. Ils ont laissé leurs numéros. Mais après vérification, ils ont découvert que c’est un faux numéro et une fausse identité que ces derniers ont laissé. On rentre à la maison, on rappelle le numéro du soi-disant médecin qui a déposé le corps de Sadjo à la morte, le numéro reste injoignable. Le Fiancé de la victime a proposé à ce qu’on enregistre le numéro peut-être qu’on pourrait retrouver la personne à travers les réseaux sociaux (WhatsApp ou Facebook). Après avoir enregistré le numéro, on a vu la photo d’un gendarme, en tenue, un margi chef. C’est là qu’on a su que ce n’est pas un médecin, mais c’est plutôt un gendarme s’est fait passer pour tel. On a capturé la photo. Après vérification sur Facebook, on a retrouvé, un certain Yamoussa Bangoura », a renchérit la Tante de la victime.

Grace à cette photo, la famille s’est rendue à la gendarmerie de la Belle vue, qui s’occupe des personnes vulnérables pour approfondir les recherches. « Arrivés, ma sœur et le fiancé de Sadjo ont expliqué le cas au commandant. Après vérification, ils ont découvert que le jeune travaille à l’environnement, à Coleah. Ils ont appelé le commandant de l’unité de Coléah, qui a confirmé qu’effectivement le présumé coupable et son complice travaillent tous là-bas, et que le jeune Younoussa serait déjà mis aux arrêts et déposer au PM3 de Matam. Ma sœur est allée voir le commandant où travaille Younoussa, pour lui demander comment il l’a su ? Ce dernier lui a répondu que c’est la grande sœur du gendarme, Aminata Bangoura, qui l’a dénoncé, car cette dernière serait aussi commandante. Que cette dernière aurait déclaré que son jeune frère et son ami ont envoyé une fille, l’ont fait avorter, mais que la fille est décédée avec eux », ajoute-t-elle.

La mère de la victime, Adama Hawa Diallo, affirme que sa fille est morte dans des circonstances confuses après une fugue à la veille de son mariage. « J’ai appris la mort de ma fille avec beaucoup de tristesse et d’indignation. Ma fille était mariée. Elle vivait à Gaoual tranquillement avec son mari, quand le nommé Yamoussa Bangoura, gendarme l’a demandé de quitter son foyer pour revenir à Conakry rester avec lui. C’est comme ça que ma fille est revenue ici. Un jour je l’ai vue avec cet homme, j’étais surprise. Je lui ai dit de laisser ma fille, mais il n’a pas accepté. J’ai porté plainte contre lui. Quand il est venu se présenter à la gendarmerie, il a pris un engagement de ne plus s’approcher, ni suivre ma fille. Chose qu’il n’a jamais su respecter. Il a gâté le premier mariage de ma fille et quand elle a décidé de se remarier, il a recommencé ses menaces. Et voilà ce qui est arrivé à Sadjo Baïlo ».

Après une autopsie, le corps de Sadjo Bailo a été restitué à sa famille. Elle a été inhumée le 30 novembre dernier, au cimetière de la Tannerie, dans la commune de Matoto, après la prière de 14 heures. Au cours de cette journée, qui a connu une forte mobilisation, dans la famille mortuaire, des activistes de défense des droits des femmes réclament justice pour cette jeune fille et pour toutes les autres qui ont été également forcé à le faire jusqu’à y trouver la mort.

« C’est vraiment dommage qu’on assiste à un cas aussi récent. Le dossier de M’Mah Sylla n’est pas encore clos, il y a encore un autre cas. Nous allons suivre le dossier jusqu’au bout » a laissé entendre Fatoumata Binta Diallo, secrétaire générale du club des jeunes filles battantes de Guinée, chez Guineematin.com.
Requis par la gendarmerie de Matam, Professeur Hassane Bah, médecin légiste au CHU de Ignace Denn, explique : « Elle a été admise dans un premier temps au CHU de l’hôpital Ignace Denn, le 24 novembre 2022, au service de Gynéco-obstétrique pour une douleur pelvienne, avec une asthénie physique suite à un avortement. Le lendemain, la dame est décédée. Nous, nous avons été requis par la gendarmerie de Matam, à l’excès de procéder à une autopsie et de vérifier effectivement les causes réelles de la mort. Nous confirmons que sa mort est en relation directe avec les faits allégués par la famille, à savoir c’est bel et bien un avortement compliqué ce qui a entrainé sa mort ».

Par contre une version soutient que la jeune dame aurait été violemment battue par son petit ami gendarme, ce que Professeur Hassane réfute. « Nous n’avons pas observé des lésions en rapport avec une violence physique récente. Lorsque la violence physique est récente, on peut examiner des hématomes, des équimoses éventuellement des fractures. Mais là, on ne l’a pas observé ».

Meurtrie, la mère de Sadjo Bailo, ne réclame que justice ! « Aujourd’hui, tout ce que je demande, c’est la justice et rien que la justice pour ma fille Sadjo Baïlo Diallo. Parce qu’elle était tout pour moi. Je suis malade, c’est elle qui s’occupait de moi, de la famille et du bien-être de ses petites sœurs » a lancé la maman, avec des larmes aux yeux.

Aux dernières nouvelles, Yamoussa Bangoura, son ami Abdoulaye Camara, tous gendarmes, la faiseuse d’anges ont été déférés à la maison centrale de Kaloum.

Kadiatou Diallo