Deux semaines après la visite que lui a rendue en prison le secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), Christophe Deloire, le journaliste sénégalais Pape Alé Niang a obtenu une mise en liberté provisoire. RSF salue cette décision de justice et demande aux autorités d’abandonner toutes les charges retenues contre le journaliste qui a passé plus d’un mois en prison.
C’est une bonne nouvelle, pour un homme mais aussi pour la liberté de la presse dans son pays. Le journaliste sénégalais Pape Alé Niang a obtenu une mise en liberté provisoire ce mercredi 14 décembre 2022, deux semaines après que le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire, a lancé un appel devant le centre de détention de Sébikotane à proximité de Dakar. Le journaliste a été entendu sur le fond des accusations contre lui par un juge le 9 décembre 2022. Ses avocats avaient aussitôt introduit une demande de remise en liberté provisoire, acceptée ce 14 décembre par un juge qui l’a placé sous contrôle judiciaire avec le retrait de son passeport et l’interdiction de voyager et de communiquer sur le dossier.
“Nous sommes heureux de cette décision de justice qui va permettre à Pape Alé Niang de retrouver sa famille, ses amis et qui va surtout pouvoir reprendre son travail de journaliste, déclare le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire. Sa détermination était évidente quand nous lui avons rendu visite en prison. Nous sommes heureux que l’appel que nous avons lancé avec nos consoeurs et confrères sénégalais ait été entendu. Nous demandons dorénavant aux autorités sénégalaises d’abandonner toutes les charges qui pèsent contre lui.”
Journaliste d’investigation et directeur du site d’information Dakar Matin, Pape Alé Niang a été placé en détention trois jours après son arrestation le 6 novembre 2022. Il est poursuivi pour avoir divulgué des informations “de nature à nuire à la défense nationale”, pour “recel de documents administratifs et militaires”, et pour avoir diffusé de “fausses nouvelles de nature à jeter le discrédit sur les institutions publiques”. À l’issue de son audition le 9 décembre, l’un de ses avocats, Me Moussa Sarr, avait déclaré à la presse que son client avait répondu “avec justesse” à toutes les questions posées par le juge.
RSF s’est mobilisé aux côtés de la Coordination des associations de presse du Sénégal (CAP) pour demander la libération du journaliste. Son secrétaire général lui a rendu visite en prison le 1er décembre 2022, et a rappelé au président sénégalais Macky Sall sa promesse de ne pas mettre un journaliste en prison pendant son règne à la tête du pays. Le lendemain de la visite de RSF, Pape Alé Niang a entamé une grève de la faim pour protester contre son incarcération. À la suite d’une dégradation de sa santé, il a été évacué dans une clinique privée de Dakar dans la nuit du 9 au 10 décembre, avant d’être reconduit en prison le 13.
Plusieurs manifestations ont été organisées en soutien à Pape Alé Niang. Son incarcération a soulevé une vague d’indignation au Sénégal, pays où aucun journaliste n’a été emprisonné depuis 2004.
Le Sénégal occupe la 73e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse 2022.
Reporters Sans Frontières