Ce 21 décembre, l’interrogatoire de l’ancien Président de Transition, Moussa Dadis Camara, par la partie civile, se poursuit au tribunal criminel de Dixinn délocalisé à Kaloum.
L’ancien putschiste est poursuivi pour complicité des crimes et délits commis en 2009 au stade du 28 septembre, où 157 personnes ont été tuées, une centaine de viol, de pillage de commerce, tortures…
En cette sixième journée de comparution, Moussa Dadis Camara se recroqueville, avare de réponses aux questions qui pourraient l’incriminer ou embourber Claude Pivi, Marcel Guilavogui, entre autres. Il ne répond qu’à celles ayant trait aux accusations de son ancien aide de camp, Aboubacar Sidiki Diakité alias Toumba, ainsi qu’aux interrogations dont les réponses pourraient accabler l’ancien Président Alpha Condé et Sékouba Konaté, ancien ministre de la Défense nationale.
Capitaine Dadis Camara évoque aussi, dans une moindre mesure, Moussa Tiegboro Camara qu’il déclare avoir été au stade. Tout de même, il refuse d’expliquer le mobile de la présence de ce dernier au stade. L’accusé cite des « éléments détachés de l’armée » qui auraient massacré les gens au stade, alors que selon lui, la police et la gendarmerie étaient sur les lieux pour « gérer la situation ». Sans donner de détails sur l’effectif ou l’identité des responsables des unités.
L’ancien chef de l’Etat ne tient pour responsables des événements du 28 septembre qu’Alpha Condé, Toumba Diakité et Sékouba Konaté. D’ailleurs à propos, la juridiction d’instruction de Dixinn a mis en place une commission rogatoire internationale pour entendre Sékouba Konaté, hors du pays. En parallèle, le Procureur général près la Cour d’Appel de Conakry, Yamoussa Conté, a informé l’ouverture d’une procédure d’enquêtes préliminaires contre Sékouba Konaté, pour des faits présumés de détournement de deniers publics et de blanchiment de capitaux. L’affaire porte sur une cagnotte de 22 000 000 de dollars. A la barre le 19 décembre, Dadis disait qu’il ignorait tout de cette histoire.
Me Amadou Oury Diallo, de la partie civile, demande si Moussa Tiegboro Camara a fait un compte rendu à Dadis, après son passage sur les lieux des crimes. « Il est venu me dire qu’on a envoyé des éléments à la gendarmerie et au camp Samory Touré. J’ai lui ai dit de retourner au stade pour sauver les leaders », répond l’accusé. La partie civile enfonce le clou : « Est-ce qu’on peut faire un compte rendu sans avoir reçu des instructions ? » Dadis rétorque que c’était « un compte rendu à chaud », soutenant mordicus n’avoir point donné d’instruction à personne pour aller au stade. Même qu’il n’a pas rencontré Tiegboro dans la matinée du 28 septembre. Croyant à une question piège, Dadis fait un rétropédalage : «J’ai rencontré Moussa Tiegboro Camara avec le Premier ministre Kabinet Komara, dans la matinée ».
Me Amadou Oury Diallo estime que Moussa Dadis Camara, en tant que chef suprême des forces armées, est comptable du massacre des civils au stade. « Cela n’engage que vous », balance Dadis.
L’incohérence dans ses idées, ses longues réponses mêlées de commentaires et sa colère font la recette à la partie civile qui en profite pour l’accabler. A tout moment, le juge Ibrahima Sory 2 Tounkara invitait capitaine Dadis à se calmer.
Yaya Doumbouya