Le mystère de l’Enseignement pré-universitaire et de l’Alphabétisation prépare déjà les différents examens 2023. Pour parer aux fraudes, le département annonce l’installation de caméras de surveillance dans les zones où les risques de fraudes sont élevés. Une mesure qui ne passe du tout auprès le SNE.
Des évaluations à zéro fraude ? Le département en charge de l’Enseignement pré-universitaire et de l’Alphabétisation tente de le faire depuis quelques années. Ou du moins, il tente de minimiser les cas de fraude pendant ces épreuves. De l’interdiction de chaussures fermées, de téléphones à l’envoi des sévices de sécu dans les centres d’examen, en passant par l’utilisation des détecteurs de métaux, les autorités pensaient avoir fait le nécessaire pour réduire voire éradiquer les cas de fraudes pendant les évaluations. Mais des « petits malins » réussissent toujours à passer entre les mailles des filets.
Les autorités tentent de renforcer le niveau de surveillance. Elles annoncent l’installation de caméras de surveillance dans les centres d’examen « à haut risque », les centres d’opération, ceux du secrétariat et dans les centres de saisie des notes. Sauf que la mesure est loin de faire l’unanimité, elle provoque même un véritable grincement de dents chez les bouffe-la-craie qui tirent le diable par la queue. Le Syndicat national de l’éducation trouve que l’innovation du mystère de l’Enseignement est totalement dénuée de sens : « C’est un aveu d’impuissance, de manque de stratégies et une reconnaissance tacite des nombreuses fraudes qui ont émaillé les examens nationaux session 2022 », lit-on dans leur déclaration.
Ils justifient leur opposition à la mesure par le fait que le département n’ait pas les moyens d’installer ces caméras sur la totalité du trottoir national. Une chose qui, à leurs yeux favoriseraient certains candidats au détriment d’autres : « Elle est aussi discriminatoire d’autant plus que la mesure va être appliquée à certains centres d’examen supposés être potentiellement frauduleux et non appliquée sur d’autres centres d’examen supposés être moins frauduleux alors que tous les candidats doivent être mis dans les mêmes conditions d’évaluation ».
Remèdes inadaptés
Les responsables du département ont beau encourager la surveillance serrée pendant les évaluations, cela ne règlerait pas totalement les défaillances. Le SNE regrette d’ailleurs que le département mette autant d’énergie et de ressources sur de telles choses alors que le secteur de l’éducation est pratiquement à l’article de la mort. Ces syndicaleux y voient un moyen de détourner du fric : « On fait de l’organisation des examens nationaux la priorité des priorités puisqu’il y a de l’argent à se partager. Et au même moment rien n’est fait sur le terrain pour réguler et améliorer la qualité des enseignements et des apprentissages ». Ils fustigent notamment les milliards débloqués pour organiser des «inspections et des formations tape-à-l’œil qui n’ont même pas touché 20 % des enseignants et n’ont eu aucun impact positif sur le niveau des apprenants. Le ridicule dans tout ça, c’est qu’on veut mettre des caméras dans les écoles délabrées qui n’ont pas d’installation électrique et de source d’énergie. Cet argent qu’on utilise dans l’achat des caméras de surveillance pouvait servir à résoudre en partie ces dysfonctionnements constatés sur le terrain». Le SNE, à la place des caméras de surveillance, prône la mise en place d’un système éducatif de qualité capable d’aider les élèves « à l’acquisition des compétences nécessaires pour réussir et non pas pour échouer injustement. Il faut également améliorer les conditions de vie et de travail des enseignants en créant un choc d’attractivité, facteur de motivation et de performance».
Le syndicat recommande au département, entre autres, l’opérationnalisation de l’office national du Baccalauréat ; l’instauration d’une session de rattrapage pour les candidats du baccalauréat ayant obtenu une moyenne variant entre 8,00 et 9,99 ; la création des baccalauréats technique, professionnel et industriel ; la biométrie pour tous les candidats des examens nationaux pour éviter les cas de substitution et d’autres formes de fraude, de falsification de documents, d’usurpation d’identité ; la suppression de l’examen du certificat d’études élémentaires.
Yacine Diallo