Le 2 janvier, le journaliste chroniqueur, Ahmed Kourouma, a répondu à l’appel du créateur. Décédé à Conakry à l’âge de 56 ans, jeudi 5 janvier, au Chapiteau du Palais du peuple, un hommage national lui a été rendu. Acteur politique, puis journaliste, il laisse derrière lui un grand vide, notamment dans le domaine des médias où il s’était imposé comme l’un des plus grands journalistes des deux dernières années.

Escortée de sa famille, ses amis et ses collaborateurs, c’est à 10h15 que sa dépouille, recouverte du tricolore national, est arrivée sur les lieux. Dans une grande émotion, la tristesse se faisait grandement ressentir dans la salle. À cette cérémonie funèbre, étaient présents au premier rang, le PDG de Hadafo-Media, Lamine Guirassy, Boubacar Yacine Diallo, président de la Haute autorité de la communication, Alpha Bacar Barry, ministre de l’Enseignement technique et de la recherche scientifique, Aminata Kaba, ministre de l’Information et de la Communication, accompagnée de son Secrétaire général, Souleymane Thianguel Bah, le président du CNT, Dr. Dansa Kourouma, des artistes, ses collègues chroniqueurs de l’émission Grandes-Gueules, et les associations de presse, tous venus lui rendre un vibrant hommage.

Du beau monde au rendez-vous, « Un homme de verbe, de plume, politique, de presse, humble, sensible, un modèle, une source d’inspiration … digne fils de la Guinée. », voilà tant de mots qui ont servi à la Guinée de saluer pour la dernière fois la mémoire d’Ahmed Kourouma, qui a tant contribué à la promotion de la démocratie en Guinée.

Le dernier hommage pour l’ultime voyage

Chacun y va de son commentaire sur la simplicité, les mérites et le savoir-vivre de l’homme. Les larmes aux yeux, Kabinet Condé, directeur général de Hadafo-Média, n’a pas tari d’éloges sur le défunt : « C’est très difficile de prendre la parole en ce moment douloureux. L’enseignement de la vie d’Ahmed Kourouma nous apprend à rester forts, comme il l’était pour défendre ses convictions. Encore plus fort quand il s’agissait de reconnaître ses erreurs. Sa vitalité et sa grande culture, se rajoutaient à la lumière qui faisait rayonner Hadafo-Média. Nous ne perdons pas qu’un collaborateur, mais un ami, un frère, un père et un fils. Pour surmonter cette épreuve douloureuse, nous gardons en mémoire, ton sourire, ta bonté, ta liberté, ton optimisme et la joie de vivre que ton âme repose en paix ! »

Pour les associations de presse, Aboubacar Camara, président de l’Union des radios et télévisions libres de Guinée, garde le souvenir d’un homme humble qui aimait son pays. « C’est toujours difficile de dire adieu à quelqu’un qu’on a connu. Ahmed était un être autonome et conscient. Brillant dans la presse, il a réalisé l’inverse de ce qu’on a l’habitude de voir. Il a été le premier homme à quitter un secteur proche de la gestion publique et à venir dans la presse. C’est l’inverse qu’on a l’habitude de voir. Il voulait donner le meilleur de lui-même. À travers sa plume et le micro, il a servi son pays ».

Homme politique avant d’atterrir dans le monde des médias voici deux ans, l’occasion a été donnée à ses anciens collaborateurs de lui rendre hommage. Saidou Dioubaté, secrétaire général du parti Grup, Générations pour la réconciliation, l’Union et la prospérité, témoigne : « la voix d’Ahmed est devenue inaudible, mais encore audible à nous, notre conscience, dans nos têtes. Il aura marqué son temps et laissé des souvenirs indélébiles aux Guinéens, aux politiques, aux médias, car notre jeune démocratie en construction a besoin de la presse pour interpeller les gouvernants comme le faisait récemment Ahmed. La polémique, la dialectique, c’était un débatteur, un conducteur. Il s’en est allé, mais il a servi d’exemple à travers l’expression libre de son opinion pour que ce pays avance sur un chemin de construction qui favorise tout le pays ». 

Un homme respectueux

Pour son témoignage, Boubacar Yacine Diallo s’est fait représenter par Amadou Touré commissaire à la HAC. Il se dit profondément affligé par la disparition d’Ahmed Kourouma : « L’annonce de son décès a surpris tout le monde. L’émotion était si grande que le président de la HAC, a repris sa plume pour témoigner. Il écrit ‘’C’est un moment d’intenses douleurs et je réalise que j’ai perdu à la fois un confrère et un ami… Je le revois dans son émission, Ahmed savait prendre la parole, jongler avec son français à lui. Il savait aussi restituer avec élégance et honneur…’’. Certains le croyaient arrogant, mais il voulait juste dire les choses comme elles se présentent. Il y a deux ans, il s’est présenté à la HAC pour sa carte professionnelle de presse. Durant toute la procédure, il s’est montré très respectueux des hommes et de la Loi ».

La ministre Aminata Kaba n’a pas personnellement connu Ahmed Kourouma. Pour les rares fois qu’ils se sont rencontrés, elle retient le souvenir d’un homme humble et respectueux : « je garde le souvenir de son humilité. Chaque fois qu’on s’est rencontrés, il était très respectueux. Les gens disent que c’était un rebel, peut-être oui dans son milieu professionnel, mais moi, je vois en lui un homme très humain. Pour moi, c’est ce que nous devons retenir de lui. Avoir un franc-parler, c’est un atout, je le respecte pour celaa. Son amour pour la Guinée, c’est quelque chose qui m’a marquée. Il avait souvent la carte de la Guinée cousue sur ses habits. Ce qui prouve combien de fois, il a aimé, respecté et adoré, servi cette patrie ».
Au nom de la famille éplorée, Touré Hawa Keita, ex DG du port autonome de Conakry, a exprimé sa gratitude pour le soutien et ses condoléances à la Guinée, au groupe Hadafo-Media, aux acteurs politiques et à l’ensemble de la presse guinéenne.

Sur les circonstances de son décès, les avis divergent. Si pour certains, il a succombé à une insuffisance rénale, pour d’autres, il a été emporté par le diabète. Après l’éloge funèbre livrée par son collègue de travail et ami personnel, Tamba Zacharie Millimono, comme il l’aurait recommandé de son vivant, sa dépouille mortelle a pris le chemin de l’aéroport international Ahmed Sékou Touré pour son pays natal, la France.

Abdoulaye Pellel Bah