Les souvenirs du putsch contre Alpha Condé le 5 septembre 2021 restent frais dans les mémoires des Rpgistes. Le 14 janvier, à la faveur de l’assemblée générale hebdomadaire du parti à Gbessia, un responsable du bureau politique a fondu en larmes.  

Juste un an et deux mois que le Rpg arc-en-ciel a été débarqué du pouvoir par le Groupement des forces spéciales, après une décennie de règne du Président Alpha Condé. Affecté par la détention de ses cadres pour notamment des faits présumés de corruption, détournement de deniers publics, enrichissement illicite, et éprouvé par le séjour turc d’Alpha Condé, le Rpg arc-en-ciel peine à mobiliser. Face à cette situation, des militants du parti, en assemblée générale, n’ont de cesse de pleurer. «Vous voyez ! Ici, les gens pleurent encore la chute du Pr Alpha Condé. C’est fréquent. C’est pourquoi beaucoup de gens ne viennent pas aux assemblées générales hebdomadaires. Ils ne peuvent pas supporter l’émotion. Mais, c’est peu à peu, ça va aller», nous glisse une source proche du parti. Celle-ci a rejoint sa place, le visage triste. Un instant après, elle commence à essuyer ses larmes, avec un mouchoir papier.

Malade, Mohamed Lamine Kamissoko, membre du bureau politique national du Rpg arc-en-ciel et ancien député, ne fréquentait pas les assemblées générales hebdomadaires depuis un long moment. À l’occasion de celle de 14 janvier, il n’a pu retenir ses larmes. Installé à la loge officielle, l’ex-député a commencé à balayer du regard la faible mobilisation au niveau de la section des femmes, section des sages, ainsi que celle des jeunes. Partout, les militants se comptent sur les doigts de la main.

Jusque-là, Mohamed Lamine Kamissoko tenait le coup. Mais, à la sortie de Hawa Kourouma, chantant à la gloire de l’ex-Président Alpha Condé, ce membre du bureau politique national a fondu en larmes. Jusqu’à sa prise de parole, il n’a eu de cesse de pleurer. Il tourne, retourne son regard, se cache le visage…L’ex-député essuie ses larmes inlassablement. Sûrement son mouchoir à la main droite est fortement imbibé. Apparemment pour le soulager, le bureau politique lui passe la parole. En maninka, il appelle à la remobilisation et à l’esprit de loyauté.

La junte, cible du RPG

Le 14 janvier, la coordination d’Europe du parti, en collaboration avec alliés, notamment l’Alliance nationale pour l’alternance et la démocratie (Anad) ont battu le pavé à Paris, Place de la République. Ils exigent, entre autres, le retour à l’ordre constitutionnel, la libération des détenus politiques. Pourquoi le RPG ne manifeste pas en Guinée ? «Ibrahima Kassory Fofana nous a demandés de ne pas manifester, de laisser tomber», nous souffle une source au Rpg.

Toutefois, Momo Camara, membre du bureau politique, s’en est pris ouvertement au Conseil national du rassemblement pour le développement (CNRD). «Le 5 septembre 2021, nous avons assisté à un coup d’État. Nos leaders sont arrêtés et humiliés. Ils croupissent en prison depuis neuf mois, sans jugement. On nous a arraché le pouvoir (…) Je pense humblement qu’il faut récupérer le pouvoir, c’est non négociable».

Pour la reconquête du pouvoir, il invite à ne pas se tromper de cible. «Entre celui qui vous a insulté publiquement et celui qui vous a giflé publiquement, qui est plus dangereux ? Naturellement, c’est celui qui vous a giflé publiquement qui est le plus dangereux. Notre cible, c’est le CNRD qui, a humilié notre père. Ce ne sont pas les partis politiques qui nous insultaient hier. Aujourd’hui, ils ne sont plus nos ennemis. Non !», estime-t-il.

Yaya Doumbouya