Le procès des tristes événements du 28 septembre, commis au stade éponyme en 2009, se poursuivent depuis 14 semaines, au Tribunal Criminel de Dixinn délocalisé à Kaloum. L’atmosphère y est parfois délétère, agitée par les houles du tonitruant Capitaine Moussa Dadis Camara, qui n’a rien perdu de sa verve de la fin de la décennie 2000. Ses passes d’armes épiques et cocasses ont tenu les téléspectateurs, en haleine. Le Président du CNDD n’a pas aimé, pas du tout alors les allégations de maitre Paul Yomba Kourouma avocat de Toumba, selon lesquelles il aurait dirigé les massacres du Stade, à partir d’un restaurant du Marocana, situé à quelques encablures seulement des évènements. Il a supplié le Seigneur de le vouer aux gémonies ainsi que toute sa famille, notamment sa progéniture. Il était quasiment en larmes, le pauvre Dadis ! Pour être pathétique, la scène l’était.

Oh ! qu’il est parfois dur de convaincre les humains de sa bonne foi, surtout lorsque ceux-ci ont choisi d’être incrédules. L’avocat principal du Capitaine Maitre Jean-Baptiste Jocamey Haba a, par moments, jeté de gros pavés dans la marre et abondamment éclaboussé, voire trempé du beau monde. Il a abasourdi momifié ceux que passionne le procès par ce secret d’alcôve.

Le rapport de la commission d’enquête des Nations-Unies, qui n’est pas amène avec Dadis a été cogité, concocté par…un pote d’Alpha Condé, depuis la glorieuse époque de la FEANF. Ah ! ces Féanfitistes ! Ils ont un sens inné de la solidarité, de la « famille ». Ils se portent toujours secours, s’entraident dans le meilleur et dans le pire. Ils ont des allures de Francs-Maçons, le gars a certainement grugé les petits malins des Nations-Unies et travesti les faits. A malin, malin et demi ! Peut-être. On attend que la contradiction soit portée à Me Jocamey et ses allégations balayées du revers d’une main. Sinon… Surtout que son binôme de la défense de l’homme fort du Chaud-NDD, Me Pépé Antoine Lama a imprudemment soutenu, pour magnifier son client, que depuis l’indépendance de la Guinée, on n’y a jamais organisé une commission d’enquête avant El Dadis, en 2009. Vous vous êtes gourés, Me. Il y en a eu une, en 1970, après la tentative de renversement du dictateur Ahmed Sékou Touré.

On se souvient que le 21 novembre 1970, le responsable suprême de tout dans le bled et son régime avaient eu chaud et chaud. Ils avaient été secoués, ébranlés et avachis par un tsunami. Seules de nombreuses et graves erreurs des assaillants avaient sauvé le régime. Les assaillants étaient des patriotes guinéens et des bidasses portugais unis par un intérêt commun, celui d’aller à Cona-cris s’occuper qui de la libération de compatriotes embastillés, qui de la délivrance des serres du Roitelet qui sévit à Cona-crime. En français facile, les bidasses de Salazar allaient à Conakry se bagarrer pour sortir des cachots leurs potes qui s’y morfondaient depuis des lustres alors que les Guinéens s’y rendaient pour tenter de renverser le régime totalitaire indéboulonnable du PDG. Le coup avait fait long feu mais provoqué beaucoup de tintamarre. Les cris d’orfraie de Sékou Touré étaient parvenus au Palais de verre de Manhattan qui avait envoyé une Commission d’enquête. Eh, oui !

Abraham Kayoko Doré