La Direction générale du Patrimoine bâti public a tenu ce mercredi 18 janvier, une conférence de braise, au siège du Porte-parolat du gouvernement, à Kaloum. Objectif, faire le poing sur l’état des lieux au moment de sa prise de fonction, présenter les réalisations et acquis, exposer les difficultés rencontrées et dévoiler ses perspectives pour 2023. D’entrée de jeu, Mohamed Doussou Traoré, dirlo du Patrimoine bâti depuis le 21 janvier 2022, souligne que dès sa prise de fonction, avec son équipe, il a fait un état des lieux sur le plan administratif, juridique, financier, logistique et technologique.

Mohamed Doux-Sous dénonce un manque de cadre juridique approprié ; de personnel qualifié pour les postes de responsabilité ; une faible dotation des services centraux et déconcentrés en équipements et matériels informatiques ; une insuffisance d’engins roulants ; l’absence d’un système de gestion informatique du parc immobilier bâti de l’État. Excusez du peu !

«Au regard de ces différents constats ne facilitant pas un cadre de travail propice pour la production des résultats escomptés, la Direction générale du Patrimoine Bâti s’est attelée à se doter d’un cadre juridique approprié, à numériser et exploiter le recensement du Parc immobilier de 2009 qui a donné 23 543 bâtiments répertoriés dont 9 339 à Conakry, le lancement en décembre 2022, de l’opération de mise à jour de la base de données du Parc immobilier Bâti de l’État, le lancement du processus de digitalisation et de conception d’outils numériques de gestion immobilière… et la mise en ligne du site web du Patrimoine Bâti Public pour les demandes de logement en ligne».

Bien des bâtiments récupérés

S’agissant des opérations de direction, Mohamed Doussou Traoré, explique qu’au cours de 2022, il a rénové quarante bâtiments, démoli 165 autres, affecté 40 autres aux services publics et 80 aux cadres de l’Etat. Il dit avoir récupéré aussi quatre sites, et réussi la construction de 33 bâtiments à la Cité des médecins (Donka-Dixinn), la récupération de 12 bâtiments à usage d’habitation rénovés et réaffectés, identifié 4 immeuble à rénover au Bloc des professeurs de Donka, la démolition de 39 bâtiments à usage d’habitation pour leur reconstruction en Cité moderne, composée de 28 duplex (chantier en cours ), la démolition à Dixinn-centre de 4 bâtiments à usage d’habitation, pour la construction d’une École Publique, et la récupération de 15 bâtiments à la Cité Minière et leurs affectations pour cause d’utilité publique, dont la Maison de Presse et le Bureau guinéen des droits d’auteurs (BGDA).

Difficultés et perspectives

Le dirlo du PBP souligne que dans la réalisation de ses activités, il rencontre des difficultés dont : «L’immixtion des autorités préfectorales dans la gestion quotidienne des bâtiments et logements administratifs à l’intérieur du pays, le refus de payement du loyer par certains services publics occupant les bâtiments administratifs, la forte spoliation des biens du contentieux financier franco-guinéen, le manque de synergie d’action dans la gestion des biens immobiliers de l’État à l’étranger». Malgré tout, il compte mettre en œuvre des stratégies pour atteindre ses objectifs : « Poursuivre les opérations de recensement et de récupération des bâtiments de l’État en Guinée et à l’étranger, revoir les charges locatives des Bâtiments de l’État, la tenue des Etats généraux du patrimoine bâti public pour poser un diagnostic complet ».

Mohamed Doux-Sous Traoré indique qu’il a engagé sa direction dans la démarche de tolérance zéro contre les occupations illégales du patrimoine immobilier. Aux citoyens, notamment ceux qui sont en conflit avec l’État sur les questions foncières, il les invite à privilégier l’intérêt collectif sur celui individuel.

Rôle de l’Agent judiciaire de l’État

Au cours de la conférence, l’Agent judiciaire de l’Etat, Mohamed 100-Piles euh Sampil, assure que dans le cadre de la récupération des biens immobiliers de l’Etat, il va jouer son rôle régalien. Il confirme que jusqu’à date, tous les biens saisis étaient inscrits dans le patrimoine immobilier de l’Etat. «Dans le passé, il y a eu des gens qui ont profité de leur position pour s’approprier des domaines appartenant à l’Etat. Le domaine public étant inaliénable, l’Etat est en droit de le récupérer», a clamé 100-Piles.

Mohamed Sampil, l’Agent judiciaire de l’Etat, lors de la conférence de presse du 18 janvier 2023

Interpellé sur les domaines auparavant occupés par La Petite Cellule Dalein Diallo, prési de l’UFDG, à Dixinn et le Sid Touré de l’UFR, à la Minière, Mohamed Sampil confirme que ces dossiers sont toujours pendants au TPI, Tribunal de première instance de Dixinn. À ceux qui portent plainte contre la Direction du Patrimoine bâti public, l’Agent fudiciaire de l’Etat précise que ce n’est pas à ce dernier de gérer ces affaires. «C’est l’Etat qu’il faut assigner en justice et l’Agent judiciaire de l’Etat répondra à toute éventualité». Il garantit que ces opérations de récupération des domaines de l’Etat ne sont dirigées contre personne, elles le seraient dans l’intérêt de la Guinée.

Avertissement

Mohamed Sans-piles explique qu’il a des infos selon lesquelles des « spéculateurs fonciers » de Forécariah, (Maférinyah et Salguidiyah), sont en train de vendre une bonne partie réservée pour la construction du nouvel aéroport international et du domaine agricole de Salguidiyah. Il demande aux citoyens qui cherchent à acquérir des parcelles à ces endroits ou qui en n’ont déjà acheté, de renoncer pendant qu’il est encore temps. « Ce sont des domaines publics de l’Etat, personne ne s’y installera. Ceux qui s’érigent en coutumiers propriétaires et aux acquéreurs », il faudra « abandonner cette quête ». Le Sans-piles rappelle que depuis l’entrée en vigueur du Code foncier et domanial, le titre de coutumier propriétaire est aboli en Guinée. A bon entendeur, chaut !

Abdoulaye Pellel Bah